dimanche 13 janvier 2013

Le passage du flambeau


Suite au tragique évènement survenu peu avant  la rentrée académique, beaucoup se sont interrogés sur la personne qui allait bien pouvoir reprendre le cours d’Histoire du Droit et des Institutions. Finalement, c’est Frédéric Lalière qui fut chargé de reprendre ce cours enseigné depuis de nombreuses années en première année du bachelier par Régine Beauthier. Mais qui est donc Frédéric Lalière ? Nous savons d’ores et déjà qu’il est licencié en Droit, avec une grande distinction, ainsi qu’en Histoire, avec la plus grande distinction, et qu’il enseignait dès lors le cours des successions et libéralités en première Master, en tant qu'assistant. Les Novelles vous proposent de faire plus ample connaissance avec ce nouveau professeur :

-         Parlez-nous un peu de votre parcours académique:
On va dire que j'ai eu un parcours assez spécial : j'ai d'abord entamé des études de droit à l'ULG, avant de me rendre compte que j'étais plutôt passionné par l'Histoire, c'est pourquoi j'ai entrepris de faire une licence en Histoire. J'ai ensuite enseigné cette matière dans l'enseignement secondaire et j'ai réalisé que ce qui m'attirait en Histoire, c'était le cours d'Histoire Institutionnelle, les cours juridiques. C'est alors que vers 24-25 ans, j'ai repris ma licence en Droit, et je me suis finalement inscrit au barreau vers l'âge de 30 ans. Cela fait 8 ans que je donne cours en tant qu'assistant à l'ULB et cette année j'enseigne en tant que professeur en première baccalauréat.

           Pourquoi avoir choisi d’enseigner à l'ULB ?
Je n'ai pas d'a priori, à vrai dire. J'ai commencé à l'Université Libre de Liège, et j'ai rejoint celle de Bruxelles pour la simple et bonne raison que ma copine de l'époque y étudiait. Entré dans la vie active, on m'a donné la possibilité d'enseigner en tant qu'assistant à l'Université Catholique de Louvain ou Libre de Bruxelles. J'ai accepté la proposition faite par l'ULB qui est moins inféodée : il ne s'agit pas de suivre obligatoirement l'optique du professeur, on nous laisse une plus grande liberté d'appréciation, une entière liberté d'opinion.
Que pensez-vous du folklore estudiantin, avez-vous fait votre baptême ?
J'ai fait mon baptême en droit à l'ULG, et j'ai également été comitard de baptême. J'ai beaucoup donné dans ce domaine mais cette période est bien révolue. Je pense cependant qu'il est important d'allier les 2 ; étude et guindaille, afin d'apprendre à vivre, à se gérer et être responsable : la liberté implique la responsabilité. C'est fondamental, car dans la vie active, c'est un rythme tellement quotidien, que nous n'avons plus la possibilité de faire tout cela. De plus, les cercles, qu'ils soient folkloriques ou non, nous permettent de prendre la parole, de participer à des débats, de se forger le caractère, et enfin de s'ouvrir au monde et à une première approche de la vie professionnelle.

-         Aviez-vous l'ambition de devenir un jour professeur d’université ?
Mon métier d'avocat était un rêve réalisé. J'adore le barreau, c'est un métier remarquable. Cependant, cela reste de la pratique et j'ai besoin de faire mes preuves tant en pratique qu'en théorie.  Pour moi, les 2 se nourrissent et il m'est important de garder un pied à l'ULB. C'est un gage que je me suis donné que de garder mes connaissances à un très bon niveau.
Avant toute chose, l'ambition que j'ai est de terminer ma thèse de doctorat. Je trouve que c'est un beau challenge que d'aboutir à créer un raisonnement juridique sur un thème particulier.

- Vous avez donc dû remplacer Mme Régine Beauthier au pied levé lors de la rentrée. Aviez-vous proposé vos services à la Faculté ou est-ce la Faculté qui est venue vous demander les vôtres ?
En réalité, je possède 2 formations, raison pour laquelle, lorsque Régine est très gravement tombée malade, la doyenne m'a contacté et m'a fait cette proposition. J'ai directement accepté, car c'est un fait que j'apprécie énormément cette matière.

Y étiez-vous préparé?
Non, je n'y ai pas été préparé car j'ai appris sa maladie fort tard, vers la fin du mois d'août. Cependant, j'ai enseigné le cours d'HDI durant ma première année d'assistanat (J'ai d'ailleurs eu comme élève Mme Caroline Simon, désormais assistante). Je n'ai enseigné cette matière que durant un an, car en 2005, il y avait une place vacante en droit des successions et libéralités en première Master (Au service de M. Van Gysel).
Cependant, c'est une matière que je maîtrise assez bien de par mes études et je trouve également ce cours bien structuré ainsi que plaisant à enseigner. Cette formation est fondamentale pour un juriste, c'est important de pouvoir restituer la règle de droit dans son contexte d'élaboration.

Pensiez-vous un jour avoir à enseigner devant un auditoire tel que le Janson ?
Je savais qu'à terme, comme je faisais mon doctorat, j'avais des chances de devenir professeur. Je m'étais donc préparé au Janson, mais pas si rapidement.

Comment vous sentiez-vous lors de votre premier cours ?
Ce cours était stressant (dire le contraire serait un mensonge) car je savais pertinemment que j'étais soumis au feu de la critique et que j'étais attendu au tournant, mais j'étais sûr de moi, le stress était limité, je ne suis pas tombé dans un état de tétanisation. Cela s'est donc bien déroulé.

Maintenant que nous sommes à plus de 2 mois de cours, avez-vous déjà fait un petit bilan?
Après 2 mois, le cours est sur les rails. Cela me prend toujours beaucoup de temps de préparation, étant donné que le cours que j'enseigne n'est pas le mien. Autrement, en ce qui concerne l'enseignement de la matière, j'ai l'impression que les choses se déroulent très bien. Je suis depuis quelque temps assistant en Master, et les étudiants à ce stade possèdent déjà beaucoup de réflexes juridiques, ce qui n'est pas le cas en baccalauréat. Cela nous oblige à nous replonger dans les fondamentaux, c'est une remise en question pour le professeur, et je trouve cela très intéressant.

Comptez-vous continuer à enseigner ce cours l’année prochaine ? Et dans l’affirmative, comptez-vous changer quelque peu la matière ?
Cela ne dépend pas de moi, car en réalité, je suis chargé de cours suppléant. Pour les années à venir, tout dépendra du Conseil Facultaire. Si cela ne tenait qu'à moi, je reprendrais ce cours volontiers.
Dans l'hypothèse où je reprendrais officiellement le cours d'HDI, je ne verrais pas la matière de la même manière que Régine Beauthier. Je trouve que son cours est extrêmement complet sur un plan didactique et pédagogique, mais très fort centré sur la France. C'est un choix intelligent dans la mesure où nous dépendons des choix de l'Histoire de France, mais j'envisagerais une vision plus globale, dans la mesure où les institutions du droit ne sont pas les mêmes partout. D'autre part, j'aimerais aussi peut-être insister plus sur les rapports de droit privé. Dans ce sens, les deux orientations majeures seront pour moi : élargir le cours à d'autres évolutions et accroître l'étude du droit privé par rapport au droit institutionnel.
En ce qui concerne le mariage, son choix sur l'évolution du concept du mariage est lié à son doctorat. La démarche est intéressant car elle insistait sur le droit privé, et si je suis amené à reprendre le cours, je trouve être un bel exemple que de partir d'une institution privée, cependant je n'envisagerai pas de me centrer uniquement sur le mariage, mais d'établir un parallèle entre plusieurs évolutions.

Quelques mots pour terminer, à propos du personnage qu’était Mme Beauthier?
Ce décès est tragique, cette femme était pleine de qualités, passionnée et très appréciée. C'est certain, à l'heure qu'il est, je ne devrais pas être là. Enfin, j'insiste fort sur ce passage de flambeau, car pour moi, cette double métaphore est très importante. Elle illustre fort bien la reprise du témoin et la lumière du flambeau qui éclaire les ténèbres. En effet, les professeurs d'université sont là pour éclairer les ténèbres de l'ignorance.

 Par Manon Vertenoeil 









L’Erasmus en 10 questions


Ca y est, nous y sommes ! Le mois de décembre 2012, moment ô combien attendu, arrive à grands pas. Non, je ne parle pas du débarquement de St Nicolas, ni des cadeaux de Noël, et encore moins de la fin du monde. L'évènement dont je vous parle est autrement plus excitant. En effet, pour nous, étudiants de 3ème bachelier et de 1er master, il est déjà temps de soumettre nos candidatures Erasmus. Certains sont chauds bouillants, d’autres, par contre, se tâtent, et c’est tout à leur honneur, chacun appréhendant cette décision à sa façon. C’est pour cela que les Novelles ont choisi de vous proposer, dans ce nouveau numéro, un petit aperçu des premières impressions de nos camarades qui, en ce moment-même, expérimentent les études de droit dans un autre pays d’Europe. Nous avons suivi 5 étudiants de MA2 qui, tapis dans une contrée lointaine, vivent actuellement une expérience inoubliable. Grâce à leurs conseils, nous espérons que les plus indécis d’entre vous pourront se faire une petite idée sur cette intrigante, mais à tout le moins attirante, expérience qu’est l’Erasmus…

1)  Pourquoi as-tu décidé de partir en Erasmus ?
Elise (Fribourg) : J’ai toujours eu envie de vivre une expérience à l’étranger. L’Erasmus était la bonne occasion de le faire. Et puis je me suis dit que si je ne partais pas maintenant, je ne le ferais jamais. J’avais aussi envie de changer un peu de la routine de Bruxelles et du bâtiment H J !

Arthur (Paris) : Pour la découverte, vraiment. Parce que c’est une aventure unique, l’occasion d’aller dans une université étrangère « juste pour essayer » (je veux dire, sans que ce soit pour y faire tout ton master ou un LLM), mais c’est aussi l’occasion de rencontrer plein de gens et, bien sûr, de vivre dans une ville étrangère. Je ne crois pas qu’il y ait beaucoup d’autres possibilités de vivre un truc comme ça.

Chantal (Brighton) : J’étais déjà partie à l’étranger après ma rhéto (Allemagne et USA) et ça m’avait beaucoup plu, j’ai donc décidé de renouveler l’expérience.

Mino (Madrid) : J’avais envie de changer d’air, de découvrir une nouvelle culture et d’améliorer mes connaissances linguistiques en espagnol et en anglais. En plus, je préfère faire un Erasmus et un stage que seulement un stage. Par ailleurs, j’avais vraiment envie de vivre une expérience comme ça, que je ne suis pas sûre de pouvoir vivre une autre fois dans ma vie.

2) Pourquoi avoir choisi cette destination plutôt qu’une autre ?
Elise (Fribourg) : J’avais envie de partir mais j’avais peur d’être handicapée par la langue. J’ai donc opté pour une université bilingue. J’avais le doux espoir d’apprendre l’allemand mais jusqu’à présent, ça ne marche pas trop… J.

Arthur (Paris) : Paris est une ville qui, niveau choses à découvrir, se situe bien au-delà de mes espérances, mais en plus, faire un Erasmus à Paris, en tant que Belge et francophone, relève vraiment de l’expérience unique. Tu es étranger comme les autres Erasmus, mais en même temps moins étranger qu’eux. Et je crois qu’au lieu de rester plus entre francophones comme on aurait tendance à le faire dans un pays de langue étrangère, on a plus tendance à rester « entre Erasmus ». Du coup, maintenant, je suis l’ami (et occasionnellement correcteur officiel de langue française) d’étudiants des quatre coins du monde : de la Nouvelle-Zélande au Brésil en passant par le Japon, l’Italie et même la Flandre ! C’est fantastique !

Chantal (Brighton) : J’ai choisi Brighton parce que je suis intéressée par le système juridique anglais, je voulais avoir des cours de Common Law.

Aurelie (Aberdeen) : L’Ecosse m’attirait car je voulais évoluer dans un environnement anglophone 24h/24h (plutôt raté vu le nombre d’étudiants Erasmus francophones...). Mais clairement, on progresse davantage en entendant de l’anglais (ou devrais-je plutôt dire de l’écossais) à tous les coins de rue, dans son appart, aux cours, ou dans les boîtes. Je n’avais eu que des échos positifs concernant Aberdeen, que ce soit au niveau des cours, de la ville, des sorties... Et puis rien à faire, le whisky!

3) Une petite anecdote marrante sur votre arrivée en terre inconnue ? Qu’avez-vous ressenti durant les premiers jours?
Elise (Fribourg) : Je n’avais pas réussi à trouver un logement avant d’arriver sur place, j’ai donc dormi à l’hôtel (aux prix très abordables de la Suisse, évidemment…) pendant une semaine avant de finalement trouver un logement. Pas de chance pour moi, ma chambre était occupée précédemment par une gonzesse qui faisait la cuisine dans les 9m carrés que constitue sa chambre. J’ai donc dû ouvrir ma fenêtre 24h/24 pendant 3 semaines, acheter 3 bouteilles de Febreze à 8 euros et changer de matelas pour faire partir l’odeur de bouffe qu’elle m’avait gentiment laissée. Le côté positif, c’est que j’aurais pu avoir encore moins de chance et me retrouver dans le bâtiment d’à côté où il y a un joli panneau « attention aux mycoses », avec 5 conseils pour les éviter placé juste devant les douches.

Denis (Innsbruck) : La première fois que j’ai pris le bus à Innsbruck, j’ai cru que je m’étais trompé de ville : les gens étaient incompréhensibles, tellement leur accent tyrolien est fort !
Pour être sincère, les premiers jours, on se sent seul. Avant d’apprendre à connaître de nouvelles personnes (et comment, dès le début des cours et des activités pour étudiants Erasmus, on n’arrive plus à retenir les prénoms des gens), on a un court passage à vide, pendant lequel on ressent le plus le manque de sa famille, de ses amis, de ses repères en général. On repart « de zéro », c’est une réelle aventure vers l’inconnu (mais qui en vaut la peine !).

4) Comment se passent les cours ? L’approche pédagogique est-elle différente de la nôtre?
Elise (Fribourg) : On est maximum 30 par cours et il y en a certains où on est à peine une petite dizaine les jours de grande fréquentation. La plupart des cours allient le principe cours/séminaire et nécessitent une participation plus active de l’étudiant. Il y a rarement moyen de se fondre dans la masse. Il y a pour chaque cours ou presque des lectures à faire.  Dès le début de l’année, le programme de chaque cours est établi, l’étudiant sait donc précisément quel sera l’objet du cours quand il s’y rend.  Le site internet regroupant tous les documents pour étudiant est lui aussi très organisé (on est très très très loin de notre magnifique Université Virtuelle …)

Arthur (Paris) : Dans l’ensemble, les cours sont assez similaires. Mais sur  deux points, je trouve le système très différent de chez nous. On est en Master 1, mais on a encore des tas de séances et d’explications de méthodologie. La semaine dernière, par exemple, on  a reçu trois pages pour nous expliquer comment faire un cas pratique, et il y avait cette phrase des plus éclairantes : « Un cas pratique, c’est pas un QCM, il faut argumenter ». Ah bon. Et puis, il y a cette approche très « concours ». Il faut savoir qu’en France, au dessus de l’université, y a des établissement dits « d’élite » qu’on appelle les grandes écoles, auxquelles on accède par concours d’entrée, et puis il y a aussi le Master 2, dans lequel on entre sur concours ou sur dossier.

Aurélie (Aberdeen) : Les cours sont assez faciles étant donné que notre choix s’est tourné vers des cours de 1ère et 2ème année sous les conseils de notre coordinateur académique local. Les professeurs sont en général très attentifs à la bonne compréhension des élèves et sont à l’écoute au moindre problème. Le nombre d’élèves est inférieur de moitié à celui de l’ULB, les auditoires sont modernes et bien équipés, les supports de cours plutôt complets. Une particularité à souligner : les cours ne durent qu’une heure, ce qui facilite la concentration. D’ailleurs, pas question de discuter!

Chantal (Brighton) : La différence la plus marquante est qu’il est beaucoup fait appel à l’esprit critique. Il ne s’agit pas seulement de restituer ce qu’on a appris, mais aussi de dire ce qu’on en pense (et donc d’avoir fait des recherches sur le sujet pour se forger une opinion).

Denis (Innsbruck) : Il y a une interactivité et sympathie entre professeurs et étudiants que je n’ai (hélas) que rarement ressentie à l’ULB. On se sent quasi sur un pied d’égalité, même si on est bien conscient que les personnes qui sont devant nous nous « dépassent » de loin.
Autre chose : on peut arriver et repartir quand et comme on veut : c’est moins bien, je trouve. On peut également amener son animal de compagnie : chien, rat, souris, j’aurai tout vu à Innsbruck !

Mino (Madrid) : Les cours ne se passent pas du tout comme à l’ULB : présence obligatoire (gros bad), on est maximum une trentaine d’élèves par classe et la participation est importante. Il y a des RECRES et une sonnerie pour annoncer le début/fin du cours. Il y a des classes et les élèves restent dans le local, ce sont les  profs qui se bougent. Pour la plupart des cours, il n’y a pas de syllabus. J’ai été super étonnée de voir à quel point les profs mettent un accent sur le contact professeur – étudiant : on peut poser des questions comme on veut, ils répètent  15  fois la même chose si on le leur demande. Je me permets de dire que pour l’instant en tout cas, je trouve le niveau ici plus facile qu’à l’ULB tant par rapport à la complexité de la matière qu’à sa quantité.

5) Qu’en est-il de l’organisation? Y-a-t-il un secrétariat ouvert plus de deux heures par jour ? Un service d’inscription qui permet carrément de s’inscrire sans faire face aux grèves ?
Elise (Fribourg) : Je ne sais pas si c’est vraiment utile de préciser que c’est totalement autre chose qu’à l’ULB. Tout est très bien organisé, en tout cas pour les Erasmus. Le seul problème (pour ne pas être totalement dépaysée de notre chère ULB): la date de sortie des examens. Les dates d’oraux sortent une semaine avant la semaine d’oraux et peuvent changer plusieurs fois.

Arthur (Paris) : Ah, que dire ! Je croyais qu’à l’ULB, on ne pouvait pas faire pire, mais en fait si. Prends ta Game Boy ou les œuvres complètes d’Emile Zola, à l’université française, on aime faire la queue ! Pour s’inscrire (ou se réinscrire !), les 30 000 étudiants de l’université doivent passer par le même bureau. Arrivé une demi-heure avant l’ouverture, j’ai fait 5 heures de queue avant d’obtenir, tel le Saint Graal, ma carte d’étudiant. Tu n’en a pas encore assez ? Va donc t’inscrire à la bibli (oui, on s’inscrit là aussi) ! 1h30 supplémentaire ! Être étudiant à la Sorbonne, ça se mérite tous les jours !

Aurélie (Aberdeen) : Organisation british, rien à redire! Une cellule spéciale Erasmus veille à ce que notre inscription se concrétise dans les plus brefs délais dès notre arrivée, nous fournit une carte d’étudiant donnant accès aux bibliothèques universitaires, scanners, photocopieuses, etc. Nous disposons tous d’une adresse mail nous informant des moindres annulations de cours, mises en ligne de slides, évènements sur le campus. Le secrétariat est ouvert toute la journée et s’occupe même de fournir les syllabi!

Mino (Madrid) : Mon université est globalement bien organisée SAUF, bien sûr, pour les étudiants Erasmus : pour faire signer notre programme de cours, on a dû attendre 3 jours dans un couloir  (sans exagérer, le soir, lors de la fermeture du secrétariat, la bonne femme nous donnait un numéro pour respecter l’ordre le lendemain…). A part ça, je suis bluffée par l’organisation de cette université : les étudiants peuvent voter leurs dates d’examens par exemple !

6) Comment s’en sort financièrement un étudiant dans la ville où tu te trouves ? Les sorties, la nourriture, le logement ? Est-ce abordable ?
Elise (Fribourg) : J’ai eu de la chance, j’ai réussi à trouver un logement abordable par rapport au coût de la vie ici, mais ça reste cher pour ce que c’est… Quant à la nourriture et aux sorties... Le menu médium au MacDo à 12 euros, le billet de train à 35 euros ou la 33cl à plus de 4euros, ça fait plutôt mal.

Arthur (Paris) : Financièrement, j’ai beaucoup de chance : j’ai gagné à l’Euro Millions la semaine passée ! Non, sérieusement, j’ai beaucoup de chance au niveau du logement : je suis à la Cité Internationale Universitaire de Paris. C’est un parc où sont réunies des fondations de différents pays qui logent des étudiants étrangers à des prix très abordables.  Pour ce qui est de manger à l’université le midi, c’est un peu paradoxal : soit c’est des sandwiches à 6 euros, soit des plats gastronomiques à 17 euros, soit il faut aller un peu plus loin pour trouver un Resto U (U pour Universitaire). C’est comme une sorte de chez Théo interuniversitaire où on te sert un copieux entrée-plat-dessert pour 3,10 euros. Si tu veux faire des sorties culturelles, les musées sont gratuits en-dessous de 26 ans, et la mairie de Paris offre chaque jour des places de théâtre et spectacles gratuites aux jeunes. C’est cool.

Aurélie (Aberdeen) : La vie  est plus chère qu’en Belgique. De mon point de vue, ça se manifeste surtout dans le prix du loyer. La nourriture des grandes surfaces est abordable et variée. Mieux vaut toutefois se faire son sandwich à midi au risque de devoir débourser 5 euros et d’avoir l’estomac toujours vide. Par contre, niveau sorties c’est même moins cher puisque nous sommes dans une ville estudiantine. Suivant les promotions, les shots coutent à peine 1 euros dans les boîtes et il suffit de s’inscrire sur la guestlist pour profiter de l’entrée gratuite.


7) Quel est, selon toi, l’intérêt de faire un Erasmus dans une matière avec autant de particularités nationales que le droit ? Est-ce un atout pour l’avenir ?
Aurelie (Aberdeen) :   L’intérêt de s’ouvrir à d’autres cultures juridiques est considérable. Cela permet de s’interroger sur la manière dont notre droit résout certaines problématiques et les réponses qui y sont apportées par d’autres traditions juridiques. Le droit est en évolution constante, de plus en plus influencé par les réglementations européennes qui prennent en compte les particularités nationales. Il me semble que pour comprendre ce mouvement, il est essentiel de sortir le nez de nos frontières.

Mino (Madrid) : Je suis plutôt intéressée par le domaine du droit européen et je n’ai pris quasi que des cours de droit international, donc au final j’ai pas l’impression de vraiment perdre mon temps au niveau du droit, j’apprends des notions qui sont valables partout en Europe.  Le principal atout qu’un Erasmus t’apporte au niveau du CV, c’est la connaissance d’autres langues. En plus, avant de partir, j’ai parlé à de nombreux professionnels qui m’assuraient que le fait de faire un Erasmus prouve ta capacité d’adaptation, ta débrouillardise etc…

8) Et la fête ? Qu’est ce que ça vaut ?  Jefke un jour, Jefke toujours, ou as-tu été conquis par les festivités étrangères ?
Elise (Fribourg) : On ne peut pas vraiment dire que les Suisses ont le sens de la fête. Fribourg est une ville étudiante et pourtant, à part le lundi soir, il n’y a presque jamais personne qui sort, c’est assez bizarre. Heureusement, la mentalité des Erasmus permet d’avoir presque tous les soirs quelque chose de prévu.

Arthur (Paris) : Oui, soirées vin-fromages-charcuteries, je suis conquis ! Le jour où on servira de la Tomme de Savoie et de la Fourme d’Ambert à la Jefke, j’irai tous les soirs ! Sinon, les Erasmus Parties, qui ont lieu toutes les semaines (si pas tous les soirs) ressemblent assez à ce qu’on peut vivre dans n’importe quelle boîte de nuit.

Mino (Madrid) : La fête en Espagne est unique au monde… surtout  les célèbres « botellons » (tous les jeunes de la ville se retrouvent dans un parc avec leurs propres bouteilles et.. on boit !) Il faut vraiment venir pour tester ca ! Sinon, dans la rue, il y a des racoleurs qui te font rentrer en boîte/bar gratuitement, et en plus on t’offre à boire… De nombreuses fêtes Erasmus à prix très avantageux sont aussi organisées dans les grosses boîtes de la ville : des fois, tu peux même rentrer gratuitement en boîte open bar !

9) Qu’en est-il du folklore dans la ville où tu te trouves ? Y-a-t-il des cercles étudiants, des baptêmes ?
Elise (Fribourg) : Il y a seulement une fraternité, recluse dans une petite maison en basse ville et snobée par presque tous les étudiants. Les membres sont en costard quand ils sortent dans la ville et elle est composée exclusivement d’hommes. Pas très folklo, en somme.

Arthur (Paris) : Ha, tu pensais m’avoir sur ce coup-là ! Article 225-16-1 du Code Pénal Français ! Le bizutage est un délit puni de 6 mois d’emprisonnement / 7 500 euros d’amende ! On ne fait pas des choses pareilles, ici ! Même si j’ai vu de loin un groupe d’étudiants peu habillés, portant des pancartes autour du cou, crier quelque chose Place de la Sorbonne, je ne sais pas très bien si c’était un baptême ou s’ils manifestaient. Parce que oui, à part faire la queue, l’étudiant français aime bien manifester.

Aurélie (Aberdeen) : Les universités anglophones sont très axées sur la participation des étudiants aux «societies». Il s’agit de cercles d’étudiants qui se rassemblent autour de thèmes variés (sport, cuisine, whisky, danse, photographie,...). Selon moi, c’est une excellente idée car cela permet de rencontrer des étudiants qui ont les mêmes centres d’intérêt, de développer un esprit d’équipe et une certaine autonomie dans l’organisation d’évènements. Par contre, je n’ai pas entendu parler de baptêmes…

Mino (Madrid) : Dans mon université privée et archi catho, les seules associations que j’ai vues, c’est plus des trucs genre « frères madrilènes : aidons les sdf ».

Denis (Innsbruck) : Ca par contre, ils ne connaissent pas vraiment les Autrichiens… Le seul baptême dont j’ai connaissance (mais auquel je n’ai pas participé) est un baptême luxembourgeois qui dure un jour (une vaste farce à qu’il paraît). Donc, de ce point de vue, -1 !

10)    Comment appréhendez-vous le retour à Bruxelles ? La reprise des cours, la rédaction du mémoire ? Vous sentez-vous grandis de par cette expérience ?
Elise (Fribourg) : Je pense que je serai contente de retrouver ma vie, mes potes, etc… mais l’expérience est tellement unique ici que j’essaye de profiter de tous les instants le mieux possible, pour rien regretter. Le deuxième quadri sera fort chargé, je n’aurai pas le temps de m’ennuyer non plus à Bruxelles.   Je pense que je sors grandie de cette expérience sur plein de points. Le plus important, je crois, est le recul que cette expérience m’a permis d’avoir sur ma vie en Belgique.

Arthur (Paris) : J’ai déjà un (tout petit) peu commencé les recherches pour mon mémoire mais je pense me mettre sérieusement à la rédaction à mon retour. Et grandi, ça sans aucun doute, c’est vraiment une expérience que je n’oublierai pas ! J’ai déjà passé le weekend des élections communales à Bruxelles et rien que d’être sur le campus du Solbosch, c’était un truc de dingue, une émotion indescriptible, je me sentais dans une sorte de mélange d’Alice au pays des merveilles et de Chantons sous la pluie. Incroyable.

Aurélie (Aberdeen) : En ce qui me concerne, la rédaction du mémoire est prévue pour janvier... Pas facile de trouver l’équilibre en Erasmus mais ça me permettra de vivre à fond mon dernier quadrimestre à l’ULB! Et oui, sans hésiter, l’Erasmus est une expérience formatrice à tous points de vue, que je conseille à tous les étudiants avant de se lancer dans la dure vie professionnelle...

Merci à tous pour votre collaboration,
Par Nathalie Vandevelde


                   J GUIDE PRATIQUE DU PRIX DE LA BIERE J                  


Suisse - Fribourg
En moyenne 3,50 euros la 25cl.
France - Paris
En moyenne 3 euros. Un conseil, allez faire un tour bar de la Maison des Belges à la Cité Universitaire. On y vend, dit-on, les bières les moins chères de Paris (à 1 euro les 25cl).
Autriche - Innsbruck
Autour des 2€-2.2€ dans un bar classique
[vin chaud à 1.5€ par contre, et des bons !]
Ecosse - Aberdeen
Nous vous donnons plutôt le prix d’un cidre, c’est plus local : 3,5 pounds dans un bar.
Espagne - Madrid
le moins cher que l’on puisse trouver, c’est un demi- litre à un euro.

La république des étudiants (entier)


Les plus vieux d’entre nous s’en souviennent : la recherche de supports de cours pouvait s’avérer un véritable parcours du combattant. Au commencement, il y avait le Forum du BE droit, les sites de facultés ayant des cours commun avec nous, le contact d’anciens étudiants par mail. Ensuite vinrent les initiatives des uns ou des autres de centraliser, autant que possible, les différents supports. Mais en raison des manques de mises à jour, des hébergements capricieux ou encore de la multiplicité des sites à consulter, la tâche de l’étudiant demeurait lourde et ses résultats, incertains. Puis vint Respublicae, qui ouvrit une nouvelle ère. Ses lumières percèrent les ténèbres, et l’accès à des supports de qualité, sans cesse mis à jour dans une solidarité toujours renouvelée, fut enfin réalisé. 
Mais qui se trouve derrière ce projet, et en quoi consiste-t-il précisément ? Une cigarette roulée aux lèvres, l’air décontracté, les deux architectes du projet, étudiants en MA1 et délégués d’année, se livrent aux Novelles. Valentin Jadot est vice-président du BE depuis l’année dernière, en charge de la partie délégation facultaire et représentant étudiant auprès de la commission enseignement de l’ULB, et Lucien Rigaux est délégué coopté à la commission culturelle de l’Université

Parasite Noctambule : Avant tout, qu’est-ce que Respublicae, et comment l’idée vous est-elle venue ?
Lucien Rigaux : C’est une plate-forme étudiante qui a 3 missions. Premièrement, responsabiliser et conscientiser l’étudiant, objectif qui était poursuivi, dans un premier temps, grâce à la première version de notre site, un simple fil d’actualités où les délégués laissaient des infos. Deuxièmement, le développement de la solidarité entre étudiants, que l’on promouvait via la mise en place d’une infrastructure de partage de documents. Troisièmement, la centralisation de tous les outils étudiants sur une seule et même plateforme, mission remplie par la version 2.0 de Respublicae et développée encore plus sur la version 3.0, grâce à l’agenda, à un fil de discussion, à des valves centralisées,…

Valentin Jadot : Je pense que l’on a vu qu’il y avait plusieurs problèmes dans l’action des délégués étudiants. D’abord, au niveau de la transparence et de la communication, car il n’y avait pas vraiment d’espace où publier des flux d’actualités pour tout le monde, et beaucoup ne comprenaient pas, ne voyaient pas ce qu’ils faisaient. Ensuite, au niveau de leur activité, en première année, ils attendaient que quelqu’un se plaigne avant d’agir, on a réalisé qu’il y avait matière à développer une proactivité plus forte.
Lucien et moi, on était intéressés par la chose publique, les débats publics, etc. et donc on a essayé de combiner ces 2 objectifs : proactivité et communication. On est arrivés en disant qu’on allait faire un site web pour pouvoir communiquer, pouvoir montrer que les délégués remplissent une mission importante, leur permettre d’avoir les outils pour assurer au mieux leurs missions. Au sujet de ces outils, on a développé à l’époque, sur cette première version du site, la « class action », qui existe toujours aujourd’hui d’ailleurs. C’est juste un jeu de mots, c’est fort différent du mécanisme présent notamment aux Etats-Unis, et ça consiste à disposer d’un système où les étudiants, en cas de grande question qui traverse l’auditoire, pourraient s’exprimer. C’est un peu entre le sondage et le référendum, et quand on a une décision un peu délicate à prendre, on peut questionner l’auditoire pour être certain d’être en phase avec notre base.

P : Le class action, c’est le système accessible aujourd’hui depuis RP qui a notamment été utilisé au sujet de l’horaire de 2ème session l’année passée ? Que s’est-il passé à ce moment ?
V : Oui, l’année passée, l’organisation de la 2ème session des BA3 était un peu délicate, car 2 des plus gros examens se trouvaient au début de celle-ci. Il fallait un peu réorganiser tout ça. A ce moment, on se demande « mais qui suis-je au final pour me permettre de modifier l’horaire de 2ème session ? » Evidemment, on a un mandat de délégué, mais c’est délicat comme question. La solution à laquelle on aboutit va-t-elle plaire à tout le monde ? Cela ne va-t-il pas engendrer des problèmes que nous n’avons pas perçus ? Certaines personnes ne vont-elles pas être super lésées ? L’horaire de seconde session, c’est typiquement une question excessivement importante pour un étudiant, ça peut le foutre complètement dans la merde. Dans ce cas, le class action est un très bon outil. Non pas pour trouver un horaire qui plaise à tout le monde, car c’est impossible, mais avoir un truc qui arrange le plus de personnes.
L : En fait le système peut avoir 2 fonctions, sondage ou pétition pour appuyer une demande.

P : Je me souviens que le truc vous avait occupé pas mal de temps au mois de juillet pour faire aboutir le class action, et quand les changements ont été opérés, vous avez été très critiqués, notamment quant au caractère représentatif d’un tel système. Certains avançaient que la décision finale n’émanait que d’une minorité d’étudiants qui avaient connaissance du système, et que si tous les étudiants avaient pu voter, le résultat aurait été bien différent.
V : Des gens ont critiqué, oui. Je pense déjà qu’au niveau de la communication, il faut savoir que si on n’avait rien fait, on nous aurait encore plus critiqués. Là, au moins, on s’est assuré que la majorité des étudiants étaient pour la solution dégagée. Il faut savoir que 97% des étudiants en droit sont inscrits à Respublicae, que lorsqu’on publie une class action, on envoie un mail à tous les étudiants inscrits de l’auditoire concerné, et qu’on publie des messages sur Facebook, ce qui donne une certaine légitimité. Ce n’est pas un outil mis dans un coin avec 3 ploucs, c’est vraiment toute la fac qui a pu l’utiliser, donc une class action assure une réelle expression de la majorité.

L : Et surtout, on laisse le temps de voter. On fixe un délai minimum de 48h pour voter.

V : Et même plus.

L : Oui, 48h c’est un minimum.

V : A ça, il faut ajouter que le vote final était quand même écrasant en faveur de la solution finalement adoptée.

L : On essaye de trouver un moyen pour que la démocratie s’exprime, on ne peut pas dire que le class action ne soit pas démocratique. Maintenant, si les étudiants ne votent pas, ils ne peuvent pas ensuite se plaindre. Enfin, dans le cas précis de juillet, il y avait vraiment une majorité écrasante des étudiants, donc la question ne se pose pas.

P : Vous parlez de majorité écrasante, de l’inscription de 97% des étudiants sur Respblicae. Faites-nous un peu rêver avec des chiffes : combien d’inscrits, quelle fréquentation tous les jours, sur l’année ? Le mois au cours duquel les visites sont les plus nombreuses, les moins nombreuses ?
V : Il y a 1916 étudiants dans la Faculté de droit, sans compter les masters complémentaires et les chercheurs, etc., et il y a 1860 inscrits sur Respublicae, ce qui représente, comme on l’a déjà dit, 97 pourcents des étudiants. Ces chiffres sont pris au premier juillet 2012, après 6-7 mois d’activité. Le nombre total de visites sur la période s’étalant du 1er décembre au 1er juillet est de 89621 (une visite=un étudiant qui se connecte au site). En période haute, c’est-à-dire dans la période qui s’étale du 10 mai au 10 juin, Respublicae reçoit en moyenne 700 visiteurs uniques par jours, c’est-à-dire 37% des inscrits. En période basse, par exemple du 10 mars au 10 avril, 300 visiteurs uniques par jour. Evidemment, en période de vacances, ça devient parfois anecdotique, style 10 visites par jour.

P : Combien de gens travaillent sur RP ? Combien de temps cela prend-il ?
L : Val et moi sommes gestionnaires du projet, mais depuis que nous avons fusionné avec Studagora, Gaëtan Lefèvre s’est joint à nous en tant que gestionnaire. Puis on a une équipe de développeurs du site web, Olivier Kaisin et Benjamin Van Melle. Au début, les codeurs bossaient beaucoup, car le site n’existait pas encore et tout restait à créer, et nous un peu moins, car on ne devait pas encore effectuer de gestion, de recherche de sponsoring. Puis la tendance s’est peu à peu inversée, on a bossé de plus en plus, eux ont eu un peu de répit, mais maintenant, ils bossent à nouveau énormément sur la nouvelle mise à jour. Concrètement, parfois on fait que ça de la journée, certains jours on ne bosse qu’une heure, mais c’est rare qu’un jour passe sans que nous ne communiquions au sujet de RP.

V : je dirais que c’est un quart temps en fait. Parfois on fait 4-5 jours full time non-stop, parfois c’est 4-5 jours sans en parler, même si c’est très rare.

P : Concilier l’aventure RP avec les études, c’est facile ?
L : Parfois c’est compliqué. Mais on est obligé de concilier, donc on le fait.

V : Parfois, on va pas aux cours à cause de ça. Comme tout projet étudiant, c’est tout un investissement. Il y a moyen de le concilier avec les études, car le temps qu’on passe dessus, c’est du temps en moins passé à rien foutre sur Facebook. Par exemple, je ne regarde plus jamais de film ou de série, parce que chaque soir je dois faire des trucs. Mais en même temps c’est un choix, on le vit plutôt bien. Evidemment, parfois on pète un plomb.

L : Ouais ! Parfois on se dit qu’on a besoin de vacances, d’une pause. Mais même quand on prend des vacances, on doit se consulter pour décider des dates et il arrive que je lui dise « non non, tu ne pars pas à telle date ! »
V : Exactement. On est obligé de calquer nos vacances là-dessus, c’est pas facile tout le temps.
P : Quel est votre idéal au sujet de RP, comment verriez-vous le projet aboutir ?
L : Là, dans l’immédiat, ce qu’on va faire maintenant, c’est un site pour toute l’Unif. Mais concernant l’élaboration du site, on n’a jamais eu de réel but à atteindre, on a plus procédé étape par étape, l’une après l’autre. La première étape, c’était la Faculté de Droit, maintenant c’est le site pour toute l’Unif, et plus tard, pourquoi pas encore plus loin ? Mais là, on brûle pas les étapes, on fait step by step, avec les moyens du bord.

V : On a pris le temps de développer, avec plusieurs mises à jour, un RP pour la fac très correct. Maintenant, évidemment, il y a encore des cours à mettre à jour avec la réforme, etc. Comme on a beaucoup bossé sur la 3.0, on n’a pas encore eu le temps de mettre à jour à fond la 2.0 [Ndlr : le site est maintenant à jour], mais on a essayé de bosser step by step, pour essayer d’avoir un truc très stable, fonctionnel, sur la Fac de Droit, mais maintenant on bosse pour avoir un truc très stable, fonctionnel, sur toute l’ULB. Evidemment, le problème, c’est qu’on a dû tout reprendre depuis le début, depuis la base, repenser tout un site. Ça prend un temps de dingue, mais comme l’a dit Lucien, on avance, et si on arrive à avoir un site utilisé par 25000 étudiants, qui marche bien, grâce auquel on rend vraiment service à ces étudiants, si on parvient à être la plateforme de l’ULB, et qu’on contribue à la collaboration entre étudiants, notamment par la collaboration entre les différentes associations, on aura vraiment déjà bien rempli les buts de l’ASBL, à savoir pousser la coopération, la responsabilisation. Mais faut pas péter de câble non plus, parce que plus on avance, plus ça prend du temps, donc à un certain moment, peut-être que certains choix ne seront plus possibles, mais pour le moment, si on arrive déjà à sortir un truc qui marche très bien, et je pense que ce sera le cas, on est très bien parti.

L : Il est clair que l’équipe va bientôt devoir s’élargir.

V : C’est certain.

P : Et vous avez vocation à continuer ça après vos études ?
L : Pourquoi pas. C’est pas à pas. Peut-être que d’ici la fin de nos études, une nouvelle plateforme aura tout mangé, peut-être même que ce sera Facebook ou Google, mais peut-être que non, et on pourra alors continuer. Là, pour le moment, on n’a pas envie que ça s’arrête, on a envie de continuer, maintenant et après nos études. Mais il faut voir comment la situation évolue.

V : Une chose est sûre : quand tu passes 2 ans à développer un truc, tu vas pas tout planter un an après, je crois qu’on a vraiment envie que ce soit un truc qui perdure. C’est pour ça qu’on se bouge à refaire un site depuis la base, applicable à toute l’ULB, car le site qui va sortir est différent de celui de la Fac de Droit. Il est conçu pour durer parce qu’on a envie que ce soit un truc qui perdure, et on n’a pas envie de terminer nos études et de tout laisser tomber. Mais on a aussi envie qu’il puisse vivre de lui-même, sans nous, et s’il faut nous remplacer ou agrandir l’équipe, il faut qu’il puisse continuer.
Si on quitte un jour le bateau et qu’on devient conseiller extérieur pendant que d’autres font la gestion quotidienne, pourquoi pas, mais on verra comment évolue le truc, on verra si on continuera à se fixer des objectifs plus larges. Mais en tous cas, une chose est sûre, on a envie que le site tienne, et on est vraiment prêts à tout faire pour sa pérennité. On a d’ailleurs déjà concrétisé ça en plusieurs points.
Premièrement, on a fondé une ASBL, ce n’est plus juste nous deux, c’est une structure juridique qui est en charge de la chose, et donc on peut éventuellement remplacer les membres du conseil d’administration, comme un BE ou un BEA qui survit au fil des générations. Et deuxièmement, on assure cette pérennité par la licence libre, qui fait partie de la philosophie du projet, mais qui n’est pas encore d’actualité pour le moment.

P : Tantôt, vous parliez de Facebook, dont on entend parfois que vous partez à sa conquête. Qu’avez-vous envie de dire à votre concurrent Mark Zuckerberg ?
L : C’est qui ce péquenaud ? Non, plus sérieusement, il a prévu un truc student sur Facebook. Le problème de ce projet, c’est que ça ne comprend pas le travail que nous on fait, c’est-à-dire un travail de terrain, on doit côtoyer les BE, les associations, et on fait un site sur mesure, sur la Faculté, sur l’Unif, et Facebook pourrait faire ce qu’il veut, ça n’aurait pas le succès de notre plateforme dans la mesure où celui-ci est issu de négociations avec les représentants de l’ULB, des facs, des BE, etc., et on est proches de la demande, on sait assez vite ce qu’eux veulent, et donc on est plus flexibles de ce point de vue-là.

V : Par exemple, Gehol. RP 3.0 va intégrer Gehol, good luck à Facebook pour le faire. Facebook, à la base, c’était dédié aux unifs, au fonctionnement des unifs, puis Facebook s’est élargi, généralisé, ça lui a créé un succès mondial qu’on lui connaît, mais Facebook a perdu en ça une partie de sa puissance : le fait que c’était pour les étudiants, et que c’était super bien fait pour les étudiants. Et ils reviennent un peu en arrière en lançant Facebook School. Finalement, ils ont oublié un peu leur origine, faire quelque chose pour les étudiants, pour l’organisation des cours. Actuellement, on ne concurrence pas Facebook.

L : On n’est pas sur le même terrain. Facebook est plus sur le terrain du divertissement, nous plus sur celui de l’étude. Je pense que si Facebook décide d’aller sur le terrain de l’étude, de la vie professionnelle, etc., il va s’y perdre, car l’étudiant va avant tout sur Facebook pour partager ses photos, ses statuts, mais l’optique est différente de celle de RP, de Linkedn, ou encore de Twitter. C’est différent.

V : Encore un bel exemple à part Gehol : classer les documents par type de cours, par type de discussion, donner des étiquettes à chaque document (résumé, powerpoint, conférence…), des trucs spécifiques aux demandes des étudiants. Nous on est proches de la demande, on est nous-mêmes étudiants et délégués, on voit quels sont les trucs spécifiques que Facebook n’offre pas. Par exemple, le mur Facebook, bien sûr c’est très utilisé, mais le problème, c’est que c’est le bordel. Si tu veux retrouver une question, c’est le bordel. Maintenant, ils ont un mis un petit moteur de recherche pour chaque page, mais ça fonctionne mieux si tu te souviens du truc. Mais ça reste un bordel sans nom. Tu peux pas classer par cours, par type de question. Nous, on reprend les points forts de Facebook, on s’inspire beaucoup de Facebook, qui est à la pointe, mais on l’adapte pour les étudiants de l’ULB.

P : String ou petite culotte ?
(A l’unisson) L & V : SHORTY !!

P: Comment est financé RP?
L : Au début, on s’est financés grâce au BE, à ELSA et au BEA, en leur proposant un contrat-location d’une partie de RP pour y faire leur site. Mais maintenant, notre optique à terme est de ne plus faire payer les associations de l’ULB car on considère que celles-ci doivent être libres et ont leur place, de droit, sur RP. Dans cet esprit, on a fait une importante remise de dette cette année, par rapport à cette location.  Par ailleurs, les subsides publics et le sponsoring nous permettront de nous financer.
Toutefois, on a une charte graphique concernant RP, qui empêchera que le site ressemble à un sapin de Noël de sponsors, à droite à gauche, en pop-up etc., ainsi qu’une charte éthique dans le choix des sponsors. Enfin, la philosophie du web libre qu’adopte RP, qui est intégrée dans nos conditions d’utilisation et nos contrats de sponsoring, entraîne que jamais nous ne permettrions qu’une quelconque information communiquée par les étudiants soit vendue.

P : Comment contrôlez-vous le respect des droits intellectuels par les étudiants qui uploadent des contenus potentiellement protégés ?
L : On a quitté la génération Skyblog, dans laquelle n’importe qui pouvait commenter n’importe quelle photo de manière anonyme, pour entrer dans la génération Facebook, dans laquelle tu écris toujours ce que tu veux, mais sous ton nom, ce qui te responsabilise davantage. Préventivement, ça empêche déjà les gens de couiller, de mettre des images illégales ou trop borderline. Vis-à-vis de notre responsabilité, on est hébergeur, et on fait signer une charte avant chaque inscription qui dit que chaque utilisateur qui met un contenu en est responsable. Donc nous ne sommes pas responsables, mais si on voit un contenu clairement illégal, comme une image pédopornographique, on le retirera immédiatement, et si le caractère illégal est discutable, on enverra un mail au type qui l’a uploadé, pour comprendre les raisons de son upload.

V : Tout à fait. On a eu une discussion avec la Doyenne Andrée Puttemans, qui nous demandait ce qui serait fait si quelqu’un publie sur Respublicae un contenu en violation du droit d’auteur détenu, par exemple, par un éditeur. Cette hypothèse est plus vraisemblable que celle des images pédopornographiques, et dans la version 3.0, il est prévu que l’utilisateur s’engage à avoir les droits sur ce qu’il uploade, et qu’il accepte que les fichiers problématiques soient retirés en cas de réclamation du tenant des droits, professeur, auteur, éditeur... Comme ces uploads ne sont pas anonymes, les utilisateurs sont responsabilisés et savent qu’ils s’exposent, le cas échéant, à de graves problèmes.

L : Il y a un truc à savoir, c’est que les profs, pour le moment, peuvent s’inscrire sur Respublicae sans problème, mais sur la 3.0, grâce au NetID, ce ne sera plus le cas. A terme, la plateforme accueillera les professeurs, mais avec un accès limité, circonscrit.

P : Pouvez-vous parler plus en détail du NetID ?
V : Le NetID, c’est ce avec quoi tu te connectes notamment à MonULB, et l’Université a mis en place un système permettant aux projets étudiants de récupérer certaines fonctionnalités du NetID. Evidemment, on n’a pas accès à toutes les infos des étudiants, mais en gros, lorsque les étudiants voudront aller sur RP, ils s’identifieront auprès de l’ULB, et l’ULB nous dira « ok, c’est bon, il est identifié, il est bien étudiant de l’ULB, il peut accéder à RP ».

P : Comment gérez-vous les relations avec d’autres sites faits par des étudiants, pour les étudiants, comme le site d’enregistrements Unikowski.net ? Vous les absorbez, collaborez, fusionnez ?
L : Pour prendre l’exemple de Jonathan Unikowski, on a discuté avec lui de son site dont on pourrait dire qu’il divise un peu la centralisation recherchée par RP. Mais clairement, il n’essaye pas de créer de plate-forme concurrente de RP, et son site comble un manque actuel de RP, à savoir l’impossibilité technique d’y uploader des fichiers audio. Heureusement que son site existe pour servir de système transitoire en attendant la sortie de la 3.0.

V : Par ailleurs, par rapport aux enregistrements audio, la question des enregistrements a créé des tensions. La question a été abordée devant la commission de l’enseignement de la faculté et devant le conseil facultaire, en même temps que celle des droits d’auteur en général. Pour y voir plus clair, on a consulté de très grands juristes, en l’occurrence nos professeurs, et ils ont approuvé notre système, à savoir une charte et des conditions d’utilisation que les utilisateurs doivent s’engager à respecter, qui entraînent une responsabilisation de l’étudiant. A chaque fois qu’un étudiant uploadera un enregistrement audio, il s’engagera, comme pour un document Word, à disposer des droits sur le contenu partagé, en l’occurrence en ayant reçu l’autorisation du professeur enregistré. Cette question ne devrait plus poser de problème.

L : En 2 mots, dans RP 3.0, on quitte le système menu classique d’une page web. Pourquoi ? Car beaucoup d’utilisateurs nous disent qu’à leurs yeux, tel système ou telle partie du site ne leur servent à rien, là où d’autres utilisateurs nous en disent le plus grand bien. Donc on est parti sur une autre philosophie, où on part d’un market d’applications, dans lequel tu peux choisir lesquelles mettre sur ton écran d’accueil, comme dans un smartphone.

V : On abandonne le menu traditionnel du vieux web. En plus, on va augmenter le nombre de services, puisqu’on veut centraliser de nouveaux types de documents, comme les podcasts, il y a aura beaucoup plus d’associations, donc on veut permettre à chaque utilisateur de personnaliser son Respublicae, un truc plus en phase avec l’époque, plus ergonomique, à la place d’un menu hyper long hyper lourd.

L : On nous a souvent demandé pourquoi RP 3.0 avait autant de retard. Au-delà des problèmes techniques, on a aussi le fait qu’il y avait une autre plate-forme, Studagora, qui se développait au niveau de l’Unif, à la tête de laquelle se trouve Gaëtan, qu’on a rencontré au BEA, et avec qui a discuté pour savoir dans quelle mesure on pouvait fusionner nos 2 projets, et donc depuis 2 semaines, on a fusionné avec Studagora, et Gaëtan rejoint le CA de Respublicae.

V : Solvay et Droit allient leurs forces pour créer la plateforme web ultime pour l’ULB.

P : Avez-vous senti des réticences de la part d’autres facultés de l’ULB ?
L : Comme au sujet de Studagora, en fait. On avait discuté de RP avec Archi et d’autres facultés, mais en arrivant à Solvay, par exemple, le mec nous a complètement envoyés péter en disant qu’ils avaient déjà Studagora.

V : Et le mec de Studagora était allé voir la Fac de Droit et des gens l’ont aussi envoyé complètement péter. Il y avait donc 2 projets, et donc une division des obédiences des différentes facultés, qui prêchaient pour un projet plutôt que l’autre, car ils connaissaient les gens à leur tête, par exemple, ou parce qu’ils n’avaient eu accès à la présentation que d’un des projets, avaient été convaincus, et ne voyaient pas la nécessité d’une autre plateforme. Ça créait donc des problèmes entre Studagora et nous, alors qu’au final, notre but était le même : une plateforme pour toute l’ULB, et on avait intérêt à s’associer, vu que nos défauts et qualités étaient compatibles avec celles de Studagora, et que ses forces ont pu combler nos faiblesses et vice-versa. On a donc passé beaucoup de temps autour d’une table, en négociations, et au final, après avoir pris le temps nécessaire à assurer une bonne fusion, pour être d’accord sur tous ses points, sur la philosophie, sur le site, etc., nous aurons finalement, pour toute l’ULB, un site unique, Respublicae, fort des nombreux éléments apportés par Gaëtan et son site Studagora. On en sort beaucoup plus fort, ç’aurait été con d’avoir 2 équipes ayant  pour but la centralisation mais incapables de fusionner leur projet.
Maintenant, pour la sortie de la 3.0, on a le soutien d’Alain Delchambre, qui est président du CA, Martin Casier, qui en est le Vice-Président, et Arnaud Tinlot, président de l’Union des Anciens Etudiants, d’à peu près tous les doyens de toutes les facultés, et de tous les BE. Il n’y a plus qu’à attendre le site. C’est notamment grâce à la collaboration avec Studagora, parce que nous, on avait blindé axé notre action sur le développement du nouveau site, on avait développé le site internet, on avait l’accord du Président et du Vice-Président, mais Gaëtan était allé démarcher tous les BE, les doyens, et l’association de nos forces nous a notamment apporté ça. Et maintenant, le RP post-fusion fédère tous les accords sur l’ULB, on peut le dire.

P : Il paraît que les mails de déclaration d’amour, les courriers enflammés, pullulent depuis que vous êtes devenus des people de la Fac. Quel est le profil type de la fan parfaite, et que lui faut-il pour vous plaire ?
L : Ecoute, si tu pouvais trouver toutes ces gonzesses et leur donner nos bonnes informations de contact pour qu’elles puissent nous communiquer tous ces mails dont tu parles, ce serait excellent.
V : On adore ce qu’on fait, on l’a dit, ça nous prend beaucoup de temps, parfois on est frustré, mais c’est vrai que pour beaucoup de gens qui s’investissent, et c’est normal, et c’est comme ça pour tous les projets du monde, on reçoit au final surtout des feedbacks négatifs. On a pas mal de commentaires positifs aussi, mais bon, en général les gens s’expriment plus lorsqu’il y a un problème, auront plus tendance à envoyer un mail pour dire qu’ils ont rencontré un problème que pour nous dire que c’est génial, fabuleux, bravo. Mais toutes ces critiques nous permettent d’avancer.

L : Et pour remédier à ce problème, au fait qu’on n’avait pas assez de mails de gonzesses, etc., ce qu’on va faire, c’est qu’on va commencer à se rémunérer, parce que l’argent ça attire, et qu’on va acheter une jeep, 2 gonzesses à l’arrière, en bikinis, parce que les autres gonzesses, quand elles voient ça, sur fond de la musique qui va super fort, et nous en mode rappeur au volant, ça va les attirer. Et puis pour qu’on sache que c’est nous à la tête de Respublicae, il y aura, sur l’écran d’accueil, nos 2 photos.

V : En ENORME.

L : Avec un grand sourire méga bright.

V : Et des places gratuites de ciné si tu cliques sur l’une de nos 2 photos. En tous cas, blague à part, tu parles de fans. Moi je voudrais faire un appel aux gens qui nous soutiennent : On a une ASBL qui grandit, on a besoin de gens pour nous aider, parfois pour faire des trucs basiques, comme dans toute association, comme clasher des affiches, parfois des trucs plus importants, comme commenter la direction à prendre, nous aider à gérer les contacts avec les associations, ou toutes autres propositions d’aide.
L : De filles

V : Oui, on ne prend que des filles !!

P : Vous parliez de thunes. Il y a une rumeur qui revient souvent selon laquelle, grâce à RP, vous vous faites des ultra couilles en diamant, et que vous gagnez plein plein de thunes…
L : Mais on te l’a dit !! Le but, c’est la jeep avec les filles derrière !

P : … Et que c’est scandaleux que vous fassiez appel à des bénévoles, comme vous l’avez fait en début d’année et dans cet article, car vous vous feriez de la thune sur leur dos.
L : C’est trop drôle. On n’a pas fait un cent de bénéf, on n’a fait que s’endetter.

V : A part pour la jeep, on s’est quand même fait ce petit plaisir. Bon… Tristement, je dois apparemment préciser que c’est une blague, évidemment. Moi je peux te dire que le seul argent que j’ai retiré de RP, c’est 2 recharges de téléphone de 25 euros et une pizza quand on a sorti la version 2.0, pour fêter ça avec l’équipe. Les gens qui disent ça n’ont qu’à aller voir l’état du droit par rapport aux ASBL, s’ils se posent la question. On rémunère nos codeurs parce qu’eux ne sont pas dans l’ASBL et bossent, donc on doit les rémunérer, car ils doivent, concrètement, développer tout le site.  Et franchement, ça me tue qu’on dise ça, parce que s’il y a bien une frustration avec RP, c’est que même si c’est un truc incroyable et que j’adore le projet, même ma mère, qui est très à gauche, me dit « oui mais bon, tu passes tes vacances à ça, donc tu ne fais même pas de job étudiant, quand est-ce que RP te rémunérera ?? », donc s’il y a bien une frustration, que je partage avec Lucien, c’est qu’on fait un quart temps gratuit, que tout est du bénévolat, et qu’il faut arrêter les théories du complot selon lesquelles on fait les Crésus.
Une fois, une fille m’a demandé « C’est vrai que Lucien et toi vous faites 500 euros par mois sur RP ? ». Faut réfléchir, si on doit payer les codeurs, qu’on a un seul sponsor pour le moment sur le site, qu’on a demandé il y a plus d’un an aux assocs près de 3000 euros, tout est vite parti. Il faut voir combien ça coûte de faire une ASBL, de payer les codeurs pour faire le site. Que ces gens fassent une demande de devis à une boîte qui fait des sites web, pour voir un peu, on va leur dire 10000 boules pour un bête site. Nous on taffe avec nos petits moyens.

L : Cela dit, si les gens veulent nous donner du cash, pas de souci.

V : Exactement, s’il y a des personnes qui veulent faire des dons pour les personnes à la base de RP, c’est avec grand plaisir. Mais il faut arrêter ce mythe. Faut pas croire tout ce qu’on dit, c’est clairement une théorie du complot.

L : A part pour la jeep.

P : C’est quoi le cours qui vous a le plus dégoûté ?
V : Droit de la famille. Non pas le cours de ACVG en lui-même, mais la branche du droit, parce que c’est un droit nécessaire au bon fonctionnement de la société, mais qui est tellement cru dans des trucs émotionnellement forts, et certains arrêts m’ont profondément dégoûté. Notamment une affaire de filiation, dans laquelle le père était revenu une fois bourré à la maison, quand ses gosses étaient là. Il n’y a pas eu de problème, il n’a tapé personne, il était juste bourré. Je pense qu’on a tous déjà vu ses parents bourrés, et moi-même, j’imagine qu’un jour, je serai  bourré en leur compagnie, mais dans cette affaire, juste pour cet uniquement élément, ils ont retiré la garde du père, à vie. Dans un premier temps, je me disais que j’avais raté un truc et j’ai relu l’exposé des faits, mais non, c’était juste pour ça. J’étais hyper choqué. Je respecte ceux qui font ça, mais je ne pourrais pas le faire, comme pour attaquer une mère de famille pour lui faire perdre la garde de son enfant uniquement parce que je défends le père. J’aime le côté plaidoirie du droit, le côté un peu manipulateur, l’argumentation, essayer de convaincre le juge, ça fait partie du jeu, mais quand ça rentre trop dans la sphère de la famille, ça me dégoûte.

L : Droit du patrimoine. Quand j’étudiais et que j’ai vu au chapitre ASBL que je pourrais jamais me faire de la thune avec. Ça m’a dégoûté… Dégoûté, gars… Dégoûté…

P : Auriez-vous une anecdote à nous faire partager sur le déroulement, l’invention, la vie du projet outre la question posée par cette fille ?
V : Un jour, un gars m’a dit, alors que je cherchais un document, « Ha, je sais pas si tu connais RP, mais tu pourras y trouver le document que tu cherches ».

L : Je n’ai plus internet depuis janvier, je conçois un site sans avoir internet chez moi.

V : Pour la sortie de RP 3.0, on a tourné un clip avec un danseur, de la musique, etc., au sein de l’ULB. On s’est donc dit qu’on voulait tourner une scène où notre danseur dansait sur le toit de l’ULB. Et notamment, près de la tour industrielle en briques près du bâtiment D. On est monté sur le bord de la tour, et pendant que l’équipe filmait avec Lucien en bas, moi j’étais avec le danseur en haut. Apparemment, on nous a repérés depuis plusieurs endroits de l’ULB, et on a su par après que tous les téléphones de l’ULB ont alors commencé à sonner.

L : Moi, j’étais en bas, et tout d’un coup, 7 gars de la sécurité, bien basés et tout, se pointent. Et là, comme un con, pour prévenir ceux qui sont en haut sans que les mecs de la sécurité ne les repèrent, je commence à danser et chanter super fort « Non non, rien n’a changé », en chantant bien fort « NON NON », mais en le camouflant dans la chanson, pour dire à ceux en haut « cassez-vous ». Les gardes arrivent et me voient danser comme un con, et me jettent déjà des regards perplexes, comme si j’étais le dernier des imbéciles. Ils nous demandent, au caméraman et à moi-même si on est de l’ULB, ils enchaînent en nous demandant si on a notre carte d’identité, là le caméraman leur donne mais je dis que je ne l’ai pas. Ils nous disent alors qu’ils vont devoir appeler les flics, et l’un d’entre eux prend son talkie-walkie et dit qu’il prévient la police. Puis moi je leur dis « bon, je m’en vais », puis je pars. Ils me disent « Qu’est-ce que tu fous, mec ? » Je fais « ouaais, sorry si j’y vais, mais vous n’avez aucune puissance publique ni aucune autorité pour me faire rester ici, donc je me casse parce que je n’ai pas envie d’avoir des emmerdes ». Là, il a commencé à gueuler, et en voyant que le caméraman pouvait absolument pas me suivre avec sa big caméra sur l'épaule, et se faisait complètement allumer, j'suis revenu en disant «ouaaais, excusez-moi, j’ai été un peu pris par le moment ».

V : Ce qui se passe, c’est que moi, j’étais sur le toit, quand j’avais entendu Lucien gueuler, j’ai commencé à piger qu’il y avait un stress, et donc je dis au danseur de se planquer. On était donc couché sur le toit, et puis j’entends que ça commence à gueuler super fort en bas, puis après quelque temps, quelqu’un dit « ok c’est bon, descendez les gars ». Quand j’atteins le sol, il y a un garde sécu furieux qui se dirige vers moi, et qui commence à me gueuler dessus, me dit de lui donner ma carte d’identité, tout en continuant à gueuler malgré mes appels au calme. Rien n’y fait, je me demande ce que Lucien a encore foutu… Finalement, ça a un peu continué, puis ils nous ont sermonnés et on les a suivis.

L : Ah oui, parce que là, ils nous emmènent dans leur QG, avec la caméra et tout le monde, et le chef sort de son truc, et nous dit, tout gentiment « bon les gars, écoutez, je vous donne ça, là il y a le mail du responsable de la sécurité, vous lui envoyez un mail pour vous excuser et dire que vous ne ferez plus jamais ça ».

V : Ceci dit, il faut dire que c’est vrai qu’on a pris des risques et que c’était pas malin…

L : Tu dis ça parce qu’il y a l’enregistrement hein !

V : Non mais c’est vrai, c’est pas hyper malin. On voulait tourner une scène sur le toit, on y a été. On a envoyé ce mail d’excuse, et il faut quand même dire, je trouve ça important, que ces gardes étaient hyper sympas, super cool, nous ont emmenés, un peu sermonnés, nous ont dit qu’il fallait qu’on se rende compte qu’ils étaient là pour nous, pour notre sécurité, enfin voilà.

Http://www.respublicae.be, un site pour les étudiants, par des étudiants. Retrouvez l’intégralité de l’interview dans la version informatique des Novelles, disponible sur la page Facebook du journal.

Par Parasite Noctambule