samedi 30 juin 2012


Simuler c’est négocier :  

Ça ne vous a surement pas échappé mais ces derniers temps la faculté de droit foisonnent d’initiatives et de projet étudiants de toutes formes et pour toutes les envies. Beaucoup d’étudiants cette année s’investissent dans différents projets et essayent d’entrainer avec eux une bonne partie des auditoires, et c’est tant mieux. Rien que cette année, on a eu la possibilité de partir à Salzburg, à Exeter, à Venise, rejoindre le tout nouveau Centre de Droit humanitaire (relancé par des étudiants), de participer à différentes simulations, faire des formations, suivre des conférences, plaider devant la Cour de Cassation ou devant une Cour international et j’en passe. Aujourd’hui, nous avons envie de mettre à l’avant plan, une des initiatives étudiantes qui rencontre le plus en plus de succès : le projet LIMUN. Amalia Rodriguez (MA1), Valentin Jadot (BA3) (et di fond du local Anis Farvaque (MA1 Sc-Po)) ont  bien voulu nous présenter ce projet à la tournure plus qu’international.

L.N : Alors avant de commencer, pouvez vous nous expliquer ce qu’est la LIMUN et en quoi cela consiste ?

A.R : LIMUN ça veut dire London International Models United Nations et c’est une simulation de négociations de l’ONU par rapport à des thèmes particuliers d’actualité. Le principe est assez simple : des étudiants de tous horizons se réunissent dans une très belle université à Londres, se divisent en plusieurs comités (identiques à ceux qui existent à l’ONU) et ils y simulent des négociations internationales entre diplomates de chaque pays. Cette année, la délégation de l’ULB ne comptait pas moins de 15 membres, un record.

V.J : La particularité aussi de ces négociations c’est que chacune des délégations étudiantes qui se rendent à la LIMUN représente, non pas son pays d’origine, mais un autre pays membre de l’ONU,  à charge ensuite à la délégation de se répartir dans plusieurs comités afin d’y représenter le pays qui lui a été attribué.  C’est un grand jeu de rôle international organisé par et pour des étudiants.

A.F : Ces activités de simulation de négociations et de diplomatie sont typiques de la culture anglo-saxonne, et donc assez peu connues chez nous, mais là-bas c’est un peu une tradition d’y participer, une sorte de grand tournoi intellectuel, et c’est impressionnant de voir comment « ce jeu » est pris au sérieux par les étudiants.

N : Je suppose qu’une tel aventure ne s’improvise pas comme ça à la légère et que vous avez du vous préparer avant de partir ?

A.R : Oui bien sûr, c’est essentiel. Les délégations reçoivent avant de partir à la LIMUN les sujets qui vont être traités dans chacun des comités, tout le travail qui a été fourni là-bas sur place par notre délégation, vient d’un travail collectif du groupe qui, en dehors des heures de cours, ont travaillé sur leurs sujets et se sont renseignés sur la situation géo-politico-juridique de leurs pays, et ce sans aide extérieure

V.J : Cette année, Mister Best, le nouveau professeur d’anglais de la faculté est venu nous aider pour le coté linguistique de l’aventure. Cela dit, pour le reste, ce sont les membres de la délégation qui prennent en main aussi bien l’organisation du voyage que la préparation des « topics » de discussion et la familiarisation avec les « rules of procedures ».

AR : En parlant de Mister Best, il faut signaler qu’il faut avoir un petit bagage en anglais, car une fois sur place tu as beau préparer ce que tu veux, la plupart du temps tout se fera à l’improvisation, il faut se lever et  s’imposer sur des thèmes vraiment pas faciles (de la géo-politique en anglais je te laisse imaginer), tu dois vraiment imposer ton style, et avoir une certaine forme de rhétorique, il y a même plus de forme que de fond à la LIMUN, c’est comme du théâtre.


N : mais organiser une pareille expédition, est ce que ça ne coute pas trop cher ?

A.R : Non pas du tout, ça coute surtout beaucoup de temps, car il y a des réunions hebdomadaires durant lesquels nous faisons le point sur nos recherches, et cette année, nous avons reçu les sujets qui allaient faire l’objet des simulations juste avant les examens de janvier, donc on peut te dire qu’on n’a pas chômé.

V.J. : C’est vrai que ça doit aussi se préparer pendant le premier quadri, parallèlement aux études. Ce n’est pas un énorme défi non plus ; cela représente un certain investissement personnel mais je pense que personne n’a jamais regretté le temps qu’il y a consacré !

 A.F. : et notons que ce voyage a aussi été possible grâce à l’aide financière de l’ADBr, du Bureau étudiant et du Cercle de Droit.

N : Mais alors quel est le parcours type d’un participants à la LIMUN ?

VJ : Quand on s’inscrit, on nous attribue un pays (par rapport à la taille de la délégation), par exemple cette année la délégation de l’ULB représentait Les Philippines et le Canada, puis on reçoit la liste des différents comités et donc à charge pour nous de nous répartir dans chacun de ses comités (un étudiant de la délégation de l’ULB par comité),  et d’y représenter le mieux possible, le pays qu’on nous attribué, nous recevons en même temps les sujets qui seront développés dans le comité de l’ONU choisi par l’étudiant.

AR : Tu reçois deux sujets que tu vas devoir aller le défendre dans un faux-comités de l’ONU, mais qui existent dans la réalité, moi par exemple j’étais dans le comité simulant les négociations à l’UNESCO et Valentin était dans le comité : WORLD BANK. Ce qui est aussi très chouette dans le LIMUN, c’est cette sorte d’enquête que chaque étudiant pour mieux connaître son pays, où il n’a jamais mis les pieds, et puis d’aller le défendre dans le comité, ce qui implique donc de connaitre l’actualité de ce pays sur le bout des doigts.

L.N : Qu’apportent les études de droit dans cette simulation ?

VJ : Le droit t’apporte un point de vue  juridique de la négociation, étant en droit tu sais déjà plus ou moins quels sont les organes compétents de l’ONU pour tel matière, les compétences des divers cours et tribunaux internationaux, on peut mieux recadrer les débats de ce points de vue là, et parfois même amender des solutions qui ne tiennent pas la route (ex : CEDH compétente hors des pays membres du Conseil de l’Europe, etc.). Il faut savoir que dans ce genre de concours, étonnamment, il y a peu de juristes qui font des simulations dans la culture anglo-saxonne. Ce sont plutôt des scientifiques style chimistes, biologiste. Outre-manche, la LIMUN est une expérience très valorisante, c’est un véritable tournoi, un grand jeu de rôles,  vrai realpolitik, où, quelque soit les études que tu fasses, tu dois apprendre à placer tes pions et construire des alliances, tenter de convaincre pour influencer la résolution finale.

A.F : moi étant en sciences-po, je pense que les études qu’on est en train de suivre n’apportent pas grand chose, mais c’est la LIMUN qui t’apporte une vrai formation de négociateur, et ça t’apprend à faire passer des choses qui sont, à première vue, impossible à faire passer,

AR : pour moi ça apporte plutôt l’esprit d’équipe, même si on se prépare individuellement, on est toute une équipe à aller là-bas et les plus expérimentés sont là pour aider les petits nouveaux. Il y a donc une grande motivation, un bon esprit d’équipe et un soutien moral, car quand on va là-bas on se prend une bonne petite claque dans ta première négociation.

L.N : Comment se vit la LIMUN ? Comment ça se passe une fois arrivé sur place.

R : on a passé 4 jours à Londres, et 3 jours en négociation, mais ce sont des journées complètes de 9h à 18h

VJ : Ce sont des journées très intenses, il faut imaginer qu’Il y a à peu près une cinquantaine de personne dans chaque comité, ça va du plus petit, du conseil de sécurité de l’ONU (15 personnes) et 100 pour le plus grand comité. Le but est d’arriver à ce que le comité se mette d’accord sur un texte à l’issue des 3 jours de négociations, et de trouver une solution à un problème international auxquels les diplomates des Nations Unies n’ont pas encore trouvé de solutions. Il y a d’ailleurs un mythe qui dit que certaines des véritables résolutions sont adoptées sur base des textes adoptés dans les différentes MUN.  Le truc à la LIMUN, c’est qu’on représente un pays, il faut savoir quel est la taille de ce pays au niveau international, il faut donc placer ces pions de tel manière que le texte finalement adopté par le comité conviennent aux idées du pays que je représente. Tu ne peux jamais parler en ton nom propre, toujours par rapport à ton pays.

AR : donc par exemple à la simulation de l’UNESCO, on avait deux thèmes a préparer, le premier concernait la liberté d’expression dans les nouveaux types de médias, et le deuxième qui était la problématique de la reprise de l’enseignement après des conflits armés, et c’est vraiment au début du comité  qu’on a choisi l’ordre du jour. Et puis on discute, on négocie pour tenter d’arriver finalement à un texte qui nous mets tous d’accord (enfin la majorité des membres du comité). Bien sûr à la fin on vote oui ou non en fonction de la position géopolitique du pays qu’on défend.

L.N : Qu’avez-vous pensé de la prestation des autres délégations présentes, et plus particulièrement de la délégation belge ?

VJ : La Belgique n’était pas vraiment représenté dans ces comités, elle n’a pas vraiment de poids important dans la négociation. C’est d’ailleurs beaucoup plus amusant de défendre un autre pays que ton pays d’origine, cela nous a permis de voir des choses très drôles comme la Corée du Nord et la Russie, par exemple, qui n’hésite pas à jouer leur rôle à cœur, notamment face aux USA, etc.

AR : dans mon comité, il y avait le représentant d’Israël et de la Palestine, qui n’ont pas arrêtés de se clacher mais à la fin de toutes les négociations, la délégation de Palestine a reconnu officiellement l’Etat d’Israël, et  puis, ils se sont fais une accolade, comme quoi les dirigeants devraient prendre exemple sur ce qui se passe à la LIMUN.

AF : et les socials event, on n’en parle pas ?

L.N : Anis, c’est moi qui pose les questions !

A.F. : Désolé

L.N : Bon ça c’est la journée, mais le soir ça devait être autre chose ?

VJ : pour caricaturer, ils y a les super-entrainés qui potassent le soir, pour être encore plus prêts le lendemain pour négocier, n’hésitant parfois pas à y consacrer des nuits blanches entre deux journée de négociation. Et puis il y a les 99% autres qui sont contents de se rencontrer et de parler un peu d’autre chose le soir venu…

AR : La  journée on négocie et le soir ce sont de soirées où toutes les délégations peuvent passer la soirée ensemble, boire un verre en dehors du comité et donc rencontrer des personnes de tout horizon et certaines peuvent en profiter pour créer des alliances dans leurs comités. C’est un jeu, on est là pour s’amuser, et les socials events permet  justement d’un peu décompresser.

L.N : Et maintenant quel est l’avenir de la LIMUN à l’ULB, que projetez-vous ?

VJ : On s’est agrandi et l’équipe LIMUN marche plutôt bien, mais ce que l’on voudrait c’est vraiment faire partager à l’ensemble de la faculté de droit la logique des MUN et l’envie de faire des simulations de ce type, car c’est une expérience enrichissante, intéressante, il faut transmettre cet esprit à l’ULB.

AR : il faut noter que nous allons bientôt faire une grande conférence pour l’ensemble de la faculté, afin d’expliquer comment marche la LIMUN et il y aura un thème spécifique qui sera axé sur la diplomatie. Donc n’hésitez pas à venir pour entendre toutes les informations disponibles, ainsi que sur toutes les démarches à suivre pour entrer et participer à une MUN.

Quelqu’un m’a dit quand je suis arrivé à l’université, qu’à l’ULB il n’y a pas que les cours et la guindaille, qu’il y a plein d’autres chose à faire, et le projet LIMUN en fait partie, Les Novelles ne peuvent que vous encourager à suivre cette initiative étudiante qui mélange à la fois jeu, politique, droit, pouvoir, négociation et bonne humeur. N’hésitez pas non plus à contacter les membres de la LIMUN (limun.ulb@gmail.com) et surtout allez vous renseigner à la prochaine conférence de nos « ambassadeurs » afin de vous aussi, vous jeter dans cette aventure… so british.
La délégation ULB 2011-2012

Par Mathieu Dekleermaker

Les Novelles
LE JOURNAL ETUDIANT DE LA FACULTÉ DE DROIT

La Réforme
                Il y a quelques semaines, la doyenne de la faculté rassemblait les BA3 afin de leur annoncer la réforme des masters que tout le monde attendait depuis le début de l’année. Il s’agit là d’un événement très important changeant entièrement la donne pour les étudiants, tant par rapport à leur futur proche au sein de l’université que par rapport à leur futur plus éloigné, dans leur vie postuniversitaire. Nous profitons de l’occasion pour analyser brièvement les deux réformes ayant eu lieu ces années-ci et qui ont suscité de vives réactions auprès de la communauté estudiantine. Nous aborderons, tout au long de ce texte, les avantages et les désavantages de ces vastes réformes touchant tout le monde, de la première BA à la deuxième MA.
REFORME DU BACHELIER
                Nous allons en premier lieu aborder la réforme des bacheliers. Celle-ci est déjà vécue par les étudiants et plus particulièrement par les deuxième et les troisième année du grade qui la regrettent tous les jours en cette période sombre qu’est le blocus.
                Premier changement de taille, la disparition du cours de « méthodologie universitaire » des horaires de BA1. Ici, d’un commun accord, il s’agit d’un geste extrêmement intelligent puisque ce cours était franchement inutile et dispensé par une équipe professorale frisant l’incompétence, le seul regret à avoir ici est la perte de « points faciles » pour les étudiants ; mais heureusement le cours en question a été remplacé par une guidance obligatoire qui, on l’espère, sera bien plus utile. Autre petit changement intervenant dans le programme de la même année, le changement de l’intitulé du cours de droit romain qui devient un cours de droit civil : changement logique de forme qui rehausse un tout petit peu l’image de la faculté, il s’agit d’un geste marketing fort bien pensé puisque l’intitulé « droit romain » corresponds à des traditions juridiques d’une autre époque. Vous l’aurez compris, le programme BA1 a peu changé mais s’est fortement amélioré. On regrettera cependant la non-diminution des crédits du cours « Histoire du Droit et des Institutions » (HDI pour les intimes) qui, bien qu’indispensable pour une formation juridique, n’a aucune raison d’être valorisé autant que droit civil ou introduction au droit.
                Ensuite, et il s’agit là de la plus grande partie de la réforme, on voit, d’une part, « la montée » en troisième de droit pénal, droit du patrimoine, droit du commerce et droit de la famille, rejoints par le cours, précédemment en Master, de droit judiciaire privé et, d’autre part, l’apparition dans le programme de deuxième de droit réels, contrats spéciaux, droit des obligations et droit naturel. Beaucoup de choses ont été dites à ce sujet mais essayons d’y voir un peu plus clair.
 La deuxième année du grade devient pour beaucoup « insurmontable », mais est-ce vraiment le cas ? A priori, on pourrait le penser puisque quatre cours énormes rejoignent le cours-épouvantail préexistant, droit constitutionnel. Mais quand on y réfléchit, on se rend compte que ce n’est pas forcément le cas : il est évident que si seulement 30 étudiants réussissent en première session, les professeurs qui, ne l’oublions pas, agissent aussi pour l’intérêt  des étudiants, vont se concerter pour voir comment faire afin de changer les choses. Le professeur Frydman a dit à son cours : « On est obligé d’adapter son discours à l’auditoire  présent. ». Ces paroles montrent bien que les professeurs devront, un peu, revoir leurs attentes à la baisse. Alors, est-ce que le taux d’échec sera plus élevé qu’auparavant en BA2 ? Oui, probablement. Mais est-ce une mauvaise chose ? Rien n’est moins sûr ! En effet, selon des membres du corps professoral, jusqu’à aujourd’hui, de nombreux étudiants se rendaient compte en troisième année qu’ils n’aimaient pas le droit, que cette matière n’était pas faite pour eux, ou qu’ils n’étaient pas faits pour cette matière. S’en rendre compte après deux ans n’est pas grave, une réorientation est toujours possible. Par contre, après trois, voire quatre ans, ladite réorientation devient compliquée. De plus, cet échange rend, en théorie, le programme des bacheliers plus cohérent, puisque droit du patrimoine et droit du commerce passent après droit des obligations, droit réels et contrats spéciaux. Cependant, un des professeurs ayant vu son cours passer en deuxième conteste ce constat : selon ce professeur, droit du patrimoine offrait jusque-là certains prérequis qui facilitaient l’apprentissage des nouveaux cours de deuxième année, alors qu’« Aujourd’hui, les étudiants de deuxième ne savent pas ce qu’est, par exemple, un gage sur fonds de commerce, ni même ce qu’est un fonds de commerce… je dois l’expliquer, ça ne me dérange pas, on joue le jeu, mais il est évident que si ces choses-là doivent être vues au cours, la matière augmente et on perds du temps » (sic). Avons-nous là une fausse bonne idée de la part de la faculté et des délégations estudiantines de l’époque, qui ont voulu ce transfert de cours ? Si les professeurs se rendent compte que l’auditoire a changé et que donc leurs attentes doivent suivre,  tout se passera bien, malheureusement cela risque de prendre quelque temps ; ce qui est scandaleux, dans cette réforme, ce sont les possibles années sacrifiées ! On espère que les titulaires de cours se rendront compte, peut être en lisant cet article, qu’ils doivent déjà revoir leurs attentes à la baisse au risque de participer à un massacre prémédité, à un vrai génocide de deuxièmes.
                De l’autre côté de la barrière, on voit l’apparition du cours de droit judiciaire privé (DJP) qui pose de sérieuses questions sur son utilité à ce moment-là du cursus. Il semble évident que les étudiants auront oublié tout ce qui a été vu à ce cours, ou presque, à la fin du cursus universitaire. On peut se demander pourquoi ne pas avoir gardé le cours de procédure de deuxième année (introduction à la procédure) en  transformant ainsi DJP en option du cursus de Masters. On touche ici, en réalité, à une prise de position, volontaire ou non, de la faculté : éliminer un maximum les cours d’introduction ou les cours « para-juridiques ». Cette décision implique, d’une part, une difficulté accrue dans les diverses années du bachelier et, d’autre part, la disparition des cours à options. En effet, autre changement en Bachelier, les cours à option disparaissent. On ne peut que regretter cette décision puisque les cours à options offraient une formation extra-juridique très intéressante pour ceux qui arrivaient à faire de bons choix dans ces cours, en plus d’offrir, dans la majorité des cas, quelques points d’avance à des étudiants qui en avaient bien besoin.
                Enfin, dernier volet de la réforme du bachelier, les langues à l’ULB. On accueille ici avec grande satisfaction l’arrivée du cours d’anglais et d’un cours en anglais (comparative law) puisque, peu importe le pays, la matière, ou le domaine d’activités que les étudiants espèrent, l’anglais leur sera indispensable. D’un autre côté, on regrette le maintien de l’obligation de prendre néerlandais, qui plus est sur deux années. Malgré la bonne volonté des professeurs enseignant cette matière, il est évident qu’elle repousse beaucoup de gens à l’entrée puisque ceux-ci préfèrent souvent l’UCL, n’ayant pas néerlandais obligatoire. L’argument selon lequel si on travaille à Bruxelles ou en Belgique, le néerlandais est un réel besoin, est dérisoire puisque, oui si on travaille dans ce pays le néerlandais est un besoin mais beaucoup d’étudiants ne veulent pas travailler dans le monde judiciaire ou même en Belgique. Le mettre  en option ou même créer un système de dispense aurait été ici le bienvenu et en parfaite cohérence avec la politique de responsabilisation dans les choix des étudiants entreprise en master.
REFORME DES MASTERS
                Ici, le changement est bien plus drastique, 5 assistants ont travaillé ensemble pour pondre une réforme colossale. On voit l’apparition de trois finalités : droit économique et social, droit public ainsi que droit civil et pénal. 15 ECTS en tronc commun pour la première année du grade et 16 pour la deuxième, 21 ECTS au minimum de cours à options pour les MA1 et 13 ECTS minimum pour les MA2 à choisir parmi un catalogue de cours plus qu’impressionnant comprenant en tout plus de 120 choix de cours possibles, sans parler des choix à faire dans le master. On voit donc apparaître des masters modernes dignes des plus grandes universités européennes en matière de choix de cours.
                Mais « avec de grands pouvoirs viennent de grandes responsabilités », et les étudiants devront impérativement se renseigner auprès de leurs professeurs ou assistants (sans hésiter à les harceler) ou même auprès de cabinets d’avocats (s’ils veulent se lancer dans cette profession) afin d’être éclairés dans ces choix. En effet, certains cabinets ont déjà fait savoir qu’ils ne recruteraient pas d’étudiants n’ayant pas suivi le cours de droit patrimonial de la famille et la majorité des cabinets d’avocats ne recruterons pas d’étudiants n’ayant à aucun moment suivi le cours de sûretés. En réalité, débattre sur les nouveaux masters existants est très simple : si les étudiants se responsabilisent, et que le corps enseignant les soutient et les accompagne dans leurs choix, il s’agit là d’une réforme de grande qualité laissant les étudiants libres. Par contre si les étudiants ne choisissent que les cours faciles ou vaguement intéressants, ils courent au suicide et cette réforme leur aura donné la possibilité de se pendre eux-mêmes
Quelques doutes peuvent être émis sur le cours de sécurité sociale en tronc commun mais ici la doyenne assure aux étudiants qu’il s’agit d’un cours fort intéressant qui sera donné par un professeur passionné, qui n’a que de bons avis pédagogiques (ce à quoi un délégué d’année répond avec humour « oui mais il en a que 4… ») et qui, de surcroît, ne sera pas trop compliqué. De plus, il s’agit là d’un cours « indispensable à la bonne formation d’un juriste » et il est vrai qu’à bien y réfléchir, perdre 3 ECTS pour un cours intéressant qui sera utile à toute personne voulant rester en Belgique n’est pas catastrophique.
                Ce qui, par contre, est beaucoup plus catastrophique, et constitue le gros bémol de cette réforme, est l’absence d’un master en droit international et/ou en droit européen. Ici il y a un gros vide, la faculté nous rappelle cependant que ces masters existent sous forme de masters complémentaires ou encore que le master droit public peut facilement se transformer en master de « droit public international ». On regrette cependant que ce master ne soit pas officialisé et qu’il n’y ait même pas de module spécialisé droit international. Ici, on peut imaginer que les moyens limités de la faculté ont joué un rôle prépondérant.
                Dernier très gros changement, le déplacement de l’erasmus, passant de MA2 à MA1. Il s’agit ici d’un changement vraiment utile, puisque beaucoup d’étudiants se plaignaient de devoir faire leur master en erasmus, ce qui compliquait la tâche. Le problème apparaissant ici est que les BA3 et les BA2 partirons en même temps, mais la faculté nous rassure sur ce point : tout est mis en œuvre pour trouver de nouvelles destinations et ouvrir de nouvelles places. De nouveaux critères seront mis en place mais ceux-ci seront aussi contraignants. Ici, la faculté devient complètement incohérente ! En effet, elle met ces critères pour protéger les étudiants, leur raisonnement étant que s’ils ont des difficultés à réussir leurs années en français, on peut imaginer qu’ils en auront beaucoup plus en langue étrangère. Donc, si les étudiants ne remplissent pas les critères, ils ne seront pas pris en ersamus, même si personne ne sollicite la même place qu’eux. C’est complétement en incohérence avec la politique entreprise en master. D’une part, on dit aux étudiants : « vous êtes assez grands pour faire votre choix, responsabilisez-vous », et, d’autre part, on leur dit : « vous n’êtes pas capables de connaître vos limites en matière de langues et d’intégration dans un environnement nouveau et un pays étranger ». Ce qui est encore plus incohérent, c’est que le niveau de langue et la capacité à s’intégrer n’ont aucun rapport avec les points ou les grades obtenus. Cependant, la faculté, au travers d’un des responsables aux relations internationales, rassure sur ce point aussi : le dossier et la lettre de motivation seront pris en compte pour l’erasmus. On ne peut que l’espérer !
                Ces réformes contiennent donc du bon et du moins bon, mais une chose est sûre, elles apportent un vrai changement dont la fac de droit avait besoin. Quoi qu’il en soit, les nouvelles règles du jeu ont été établies, et il faudra jouer selon celles-là. On se permet d’insister cependant sur le grand rôle que les étudiants joueront sur leur cursus. S’il vous plaît, responsabilisez-vous ! Ne prenez pas de décision à la légère et tout se passera bien.
Par Copetinas Vassilios


Interview : Huguette  Jones 

2012 fut une année pour le moins atypique ! En effet ce fut l’année des erreurs administratives (Gehol, inscriptions), l’année de réformes (Bacheliers et Masters), l’année de la session de la mort qui tue pour certains, mais cette année, est arrivée un évènement dont personne ne croyait qu’il allait arriver un jour : le départ de Madame Jones. Titulaire du cours de droit romain et d’Introduction au droit civil en BA1,  ancienne doyenne, présidente du Centre d’Histoire du Droit, Mme Jones a eu l’occasion, plus que quiconque de faire le tour de ce qui a de bon et de mauvais au sein de notre Alma Mater. L’occasion pour nous de lui demander une ultime interview sur ces « quelques » années passées entre les murs de notre faculté. Si elle se qualifie elle-même de « dinosaure », nous préfèrerons utiliser le terme de monstre sacré, car en effet Madame Jones est, et restera (nous le présumons iuris et de jure) encore pour de nombreuses années, LA professeur la plus emblématique de la faculté de Droit au même titre de Marcq, Vander Eycken, et les autre Jean Van Rijn. AVE madame Jones.


L.N. : Lorsque vous étiez étudiante, aviez-vous déjà à l'esprit de devenir professeur ?



H.J. : « Non, pas du tout. Je souhaitais travailler comme juge au tribunal de la jeunesse, et c'est pour ce motif précis que j'ai entrepris des études de droit. Et, aujourd’hui, je m'occupe de la jeunesse, mais pas la même... »



L.N : Quel genre d'étudiante étiez-vous ?



H.J. : « Profilée pour étudier. Lycée Jacqmain, humanités gréco-latines, très beaux résultats, donc vraiment beaucoup travaillé, beaucoup étudié. Très sage, peut-être même un peu trop sage avec le recul. Mais, je le reconnais, cela m'a bien réussi, et j'ai fait de très beaux grades. Je veux dire que la priorité des priorités était les études. »



L.N. : Comment s'est passé la toute première fois que vous vous êtes retrouvée face à des étudiants ?



H.J. :« Il y a deux premières fois. Il y a la première fois comme assistante et la première fois comme prof. Et donc, comme il y a eu une première fois comme assistante, cela a fort facilité les choses pour la première fois comme prof. En d’autres termes, je ne me suis pas trouvée d'emblée devant un auditoire de 500, 600, 700 étudiants, je me suis d'abord retrouvée devant un petit auditoire composé de 25 étudiants, et j'avoue qu’au départ, j'avais le « trac ». J'avais vraiment le « trac », parce que je pensais « Comment cela va-t-il se passer ? Vais-je être à même de leur apporter quelque chose ? Vais-je être pédagogique ? », et j'étais assez stressée. Et puis, après quelques minutes à peine, je me suis rendu compte que j'avais oublié mon stress... »



L.N. : Vous étiez comme un poisson dans l'eau alors ?



H.J. :« Très vite, oui. Peut-être cela tient-il aussi un peu à mon type de personnalité, je ne mets pas les barrières, je suis naturelle et espère que les étudiants m'acceptent telle quelle. Je n'ai jamais joué le rôle de l'assistante et je n'ai jamais joué le rôle du prof. Plus tard, quand je me suis trouvée devant un grand nombre d'étudiants, la première fois que je suis entrée dans un grand auditoire, c'est vrai que j'étais également stressée, je le reconnais volontiers. Mais moins stressée que si j'avais dû commencer immédiatement comme professeur. »



L.N. : Comment se sent-on lors de la dernière année où l'on enseigne ?



H.J. : « Oh, pas bien. Parce que c'est très triste, et en même temps, cela devrait être un moment heureux. C’est le moment de se retourner, de juger ce que l’on est parvenu à faire, et peut-être de se dire « j'ai quand même fait cela pas trop mal ». Mais c'est un moment très triste parce que cette fonction est une très très grande partie de ma vie. Quand j'ai entendu l'autre jour à la radio qu'il était question de permettre dans l’avenir aux personnes de prolonger leur vie professionnelle, j'ai eu une petite pensée fugace, et me suis dit «flûte! je pars juste un an trop tôt ». Si j'avais eu le choix de continuer quelques années supplémentaires, je crois vraiment que j'aurais continué. Les étudiants paraissent toujours satisfaits des cours que je leur fais et moi, j'aime toujours enseigner ! »



L.N. : Durant votre carrière de professeur, qu’est-ce qui vous a le plus enchantée ? Et le plus désenchantée ?



H.J. : « Ce qui m'a le plus enchantée comme professeur, je peux le dire, sans aucune hésitation, c'est la qualité de la relation que j'ai eue et que j'ai d’ailleurs encore avec les étudiants. Parce que cette relation est de très belle qualité et, finalement il y a une espèce de, complicité est peut-être un grand mot, mais d’entente, d’intelligence entre les étudiants et moi. Pas avec tous les étudiants bien sûr, mais avec ceux qui acceptent de communiquer avec moi. Par contre, ce qui m'a désolée et qui me désolera toujours, c'est qu'une partie importante des étudiants de première année ne s'investissent pas à fond. On a envie de leur expliquer, de leur montrer tout le positif qu'ils pourraient retirer des études qu'ils font, que ce soit celles-ci ou d'autres études d’ailleurs. Mais j'ai un peu l'impression que certains ne jouent pas le jeu, ceux que l’on désigne parfois par l'expression d’ « étudiants touristes », ces étudiants qui s’inscrivent et, en fin de compte, ne s'investissent pas en tant qu'étudiants et jamais on ne parvient à les accrocher. Malgré tout ce que l'on fait : guidance, test à blanc, examen à blanc, etc. Et ça, c'est vraiment désolant. Peut-être est-ce plus spécifique à des facultés comme les nôtres, qui ne demandent pas au départ un pré requis particulier. Par exemple, si vous êtes fort en sciences exactes et que vous vous inscrivez en géographie ou en géologie, peut-être avez-vous plus clairement en tête la représentation de ce qui vous attend et donc, êtes-vous plus investi. En droit, il n'y a pas de véritable prérequis, on part de zéro. On demande simplement la connaissance de la langue de l'enseignement et on construit le savoir de l'étudiant, on construit ses connaissances. Peut-être est-ce cela qui fait que l'image de ce que l'on croit trouver en droit ne correspond pas à la réalité et qui explique un pareil décrochage. Je trouve qu’à l'échelle humaine, c’est une immense gabegie. Parce que, si les étudiants qui ne s'investissent pas, avaient trouvé un autre projet de vie, là, on pourrait encore se réjouir en se disant « ils ne s'investissent pas en droit, mais ils vont s'investir dans autre chose », mais on n’a même pas cette certitude. Peut-être vont-ils sortir de l’université aigris, en se disant « J'en ai rien appris, on ne m'a rien appris, je n'ai rien à retirer de ce passage à l’université » et cela, c'est vraiment désolant. C'est peut-être inévitable dans un système où l'enseignement universitaire est ouvert au plus grand nombre et que j'approuve pleinement, que je considère comme indispensable, parce qu'il faut que le plus grand nombre puisse accéder à l'université. Mais c'est vraiment très triste de voir qu'on ne parvient même pas à intéresser une partie substantielle d'étudiants. Tant mieux s’ils sont (peut-être) en train de bloquer chez eux, trouvant plus expédient de travailler chez eux. Mais, quand je fais, par exemple, des séances d'examens à blanc, je considère que c’est tout de même quelque chose d'utile. Et cela m'inquiète de voir que trop peu d’étudiants y assistent. Mais je suis une femme. Nous n’avons pas la même sensibilité que les hommes... (rires) »



L.N. : Que pensez-vous de l'administration de l’ULB en général ?



H.J. : « Je pense qu'on y fait de bonnes choses, mais je pense qu'elle pourrait essayer de faire mieux. C'est bien sûr très général ce que je dis. Les difficultés résultent peut-être de la complexité des rouages. Nous sommes dans une université avec nombre d'échelons, nombre de structures, et ce fait complique sans doute les choses. Je persiste néanmoins à penser qu'il y aurait moyen de faire mieux. Chacun essaie de le faire, individuellement, à son niveau indiscutablement, mais l’ULB pourrait certainement faire encore mieux. Pas forcément dans tous les coins, mais dans certains coins. Pour que l'étudiant soit mieux accueilli, que son dossier soit plus vite traité, qu'il obtienne plus vite les bonnes réponses. Ceci dit, je n'ai jamais travaillé ailleurs qu’à l’université, donc j’ignore ce que cela donnerait dans une autre structure ; peut-être n’est-ce pas mieux. Je conclus seulement, parce que je crois qu'il faut être animé du sens de l'autocritique : peut mieux faire ».



L.N : Quel est votre point de vue sur la réforme des bacheliers ?



H.J. : «Alors là, les points de vue diffèrent ! À la revue, les étudiants l’ont représentée comme l'œuvre de professeurs complètement éméchés (rires). Évidemment, ce n'est pas ma réforme. Quand j'étais doyenne, j'ai négocié une autre réforme, mise en application année par année, et qui n'a pas vécu très longtemps, en tout cas pas suffisamment longtemps pour que l'on puisse émettre un jugement de valeur sur sa qualité. Et, aussitôt, on est passé à cette nouvelle réforme, qui répond à d'autres logiques. Il faudrait peut-être voir dans quelques années. Les étudiants ont participé, chaque membre de la commission a pu donner son avis, et la faculté a énormément travaillé. Personnellement, j'ai l'impression que la deuxième année va être très très difficile. Il faut, par exemple, que les professeurs de deuxième année vous traitent comme des étudiants de deuxième année. Je n'ai pas dit qu'ils ne vont pas le faire. Un certain nombre de cours exigeants de troisième sont descendus en deuxième, et, en soi, ce n'est évidemment pas irréalisable, mais je pense que cet aménagement ne va pas dans le sens de la facilitation du cursus. Peut-être que ce créneau très dur de la deuxième année va amener à des années supérieures beaucoup plus souples et plus fluides. C'est une réforme intéressante, il y en avait d'autres qu'on aurait pu réaliser, mais il faut voir sur la longueur. Ce qui serait souhaitable, sauf catastrophe qui normalement ne doit pas se produire, c’est de disposer d’un certain nombre d'années pour apprécier la qualité de la nouvelle réforme, et de ne pas devoir remodifier une nouvelle fois, de manière trop rapprochée, sans quoi cela deviendra perturbant pour les étudiants ».



L.N. : Vous avez été doyenne de la faculté de droit 2000 à 2004. Que vous a apporté cette expérience ? Regrettez-vous de l'avoir fait ?



H.J : « Elle m'a apporté énormément. Découvrir des structures et des mécanismes que l'on connaît relativement mal, parce que vous entrez dans la fonction sans disposer d’aucune préparation spécifique : il n'’existe pas de réel écolage en la matière. D’accord, on est d’abord vice-doyen, mais le vice-doyen ne fait pas ce que fait le doyen. Il y a une certaine initiation mais pas un écolage de fond. À la sortie de fonction, du jour au lendemain, clac, avec votre petite valise, vous rentrez dans le rang comme les autres. Et, dès lors, vous n'avez plus cette perception du fonctionnement et de la complexité du fonctionnement de la faculté. Pendant quatre ans, on est plongé dedans, dans toutes les instances, jusqu'au niveau le plus élevé qu'est le Conseil d' Administration, on voit de l'intérieur comment les choses fonctionnent, on découvre la complexité et la difficulté de tous les rouages (voir ce que je disais plus haut dans cette interview). Cela vous apprend vraiment énormément et le paradoxe est qu’au moment où l’on connaît tout à fond, l’institution vous dit « au revoir, merci beaucoup ». Il y a d'autres universités où le mandat de doyen est plus long (à Liège, ce l’était, il faudrait vérifier si c'est toujours le cas). Peut-être est-ce là qu'on peut commencer à mettre vraiment à profit tout ce qu'on a appris. En quatre ans, on a le temps de se former, d'entrer dans tous les mécanismes, d’examiner comment la maison fonctionne, de fréquenter d'autres facultés parce qu'on n’est plus enfermé dans sa tour d'ivoire, de fréquenter d'autres outillages mentaux, d'autres modes de raisonnement, d'autres façons de faire, et cela peut être très enrichissant aussi. Il y a de nombreux collègues universitaires qui ne sont pas juristes, qui ne raisonnent pas du tout comme les juristes, c'est très amusant de le vivre évidemment. Vous avez en face de vous un doyen en sciences exactes, qui croit, par exemple, que tout phénomène répond à des lois naturelles, comme en sciences exactes, à propos d'un dossier, et vous arrivez avec tout votre arsenal de juriste, avec des principes et des exceptions, des exceptions à l'exception,  etc. Voilà une hypothèse d’affrontement de deux logiques complètement différentes, et la discussion apporte beaucoup. Certes, la fonction « mange beaucoup », elle est chronophage. Je vivais des journées interminables, je rentrais à des heures pas possibles, fatiguée mais aussi très contente d'avoir géré quelque dossier. Et, de toute façon, avec le lien qui m'attachait à la faculté et à l'université, il n'y avait pas photo, je ne pouvais pas dire non. Je n'ai jamais rêvé d’être doyenne, mais quand certains m’ont invitée à poser ma candidature, pratiquement en me disant « voilà, c'est ton tour », je me voyais mal me dérober. Dans la logique du petit nombre de temps-plein, et de l'attachement que j'avais pour la maison, bien que, je le répète, ce n'était pas une logique d'ambition personnelle, j’ai accepté et je ne regrette absolument pas de l'avoir fait, d'ailleurs j'en suis vraiment heureuse. Surtout qu'avant moi il n’y avait eu qu’une seule femme doyen en Faculté de droit et il y a fort longtemps, et depuis, à part Paul-Alain Foriers, ce ne sont pratiquement plus que des femmes : Michèle Grégoire, Annemie Schauss, Andrée Puttemans. Quelle belle succession des femmes doyens ! »



L.N. : Existe-t-il une rivalité entre les professeurs de droit ? Et, si oui, est-ce dû au fait que certains sont adversaires dans leur vie professionnelle ?



H.J :« Non, à mon sentiment, il n'y a aucune rivalité. Chacun a plutôt tendance à regarder son petit territoire. Il est vrai qu'il y a parfois des zones de frictions parce qu'un collègue exprime le vœu d’obtenir des exercices pratiques, autant d'heures d'exercices pratiques, autant d'assistants, etc, et il n'y a peut-être pas toujours les moyens nécessaires pour satisfaire tout le monde. Cela peut apparaître, de l'extérieur, comme une forme de rivalité. Mais, moi personnellement, je n'ai jamais vu de réelles rivalités, pas même intellectuelles, entre des collègues, depuis que je suis là. Je suis une temps plein et je n'ai jamais été inscrite au barreau. Or, on parle régulièrement d'un antagonisme entre les temps pleins et les part-time qui viennent de l'extérieur. Ce n'est pas un antagonisme. Ce sont simplement deux conceptions de vie différentes. Le part-time, de facto, a moins de disponibilité pour l'institution, peut-être moins de disponibilité pour ses étudiants, d'abord et tout simplement parce qu'il ne dispose peut-être pas d’un bureau ici, dans la faculté, tandis que le temps-plein a son bureau et il a sans doute plus de disponibilités. Cette situation n’est pas un antagonisme. Au contraire, c'est un des fleurons de la faculté, un peu comme en médecine. Nous avons parmi nous des praticiens qui viennent partager tout ce qu'ils savent et donner un éclairage pratique aux étudiants. Il faut continuer à jouer cette complémentarité qui est très intéressante. Il ne faut pas imaginer une faculté composée uniquement de temps-plein ou de part-time. Évidemment, la conséquence est que, parfois, sur le plan de la répartition des tâches logistiques et administratives, les temps-plein ont l'impression que toutes les charges leur reviennent, et ce n'est pas évident à gérer au quotidien ».



L.N. : Pourquoi avoir accepté de donner cours dans d'autres facultés que la faculté de droit ?



H.J. : « Parce que j'aime l'enseignement et parce que j'aime le droit. Partant, j’ai été très heureuse de faire passer un message juridique que j'avais envie de communiquer à des étudiants. Je considérais que cela faisait partie de leur intérêt de le connaître, vu que je n'y enseigne pas des mécanismes extrêmement élaborés ou trop compliqués, mais que j'y enseigne des institutions que l'on risque de croiser, souvent ou régulièrement, durant sa vie. C'est intéressant que les étudiants, non futurs juristes, sachent comment réagir face à certaines situations juridiques. Ce type de cours me permettait d'ouvrir une fenêtre sur une discipline technique, non familière en des facultés de sciences humaines. De la même manière que je ne m'étais pas cantonnée au droit romain pur et dur et que j’abordais aussi le droit positif. L’enseignement à de futurs ingénieurs de gestion, économistes et politologues m’a attirée. »



L.N: Que vous a apporté votre carrière académique par rapport à une carrière de praticienne ?



H.J. : « Par rapport à la carrière de praticienne que je n'ai pas eue ? Je me dis parfois que, dans une autre vie, je ferais de la pratique aussi, parce que, peut-être, cette dimension m'a-t-elle privée de quelque chose. Mais je dis cela in abstracto en fin de compte. Ma carrière académique m'a apporté énormément évidemment. J’ai pu faire une carrière dont je ne rêvais pas au départ, mais qui s'est présentée à moi parce que, comme j'avais très bien étudié, des opportunités m'ont été proposées et cette carrière m'a comblée, notamment sur le plan de la relation enseignant-enseigné, et, pour moi, je l’ai dit plus haut, c'est une relation capitale. En réalité, je ne peux évaluer ce qu'une carrière de praticienne m'aurait apporté. Peut-être dans ces carrières-là, a-t-on l'impression de faire quelque chose de pointu, d'utile à quelqu'un ? Enseigner est utile, de manière générale, à la généralité des étudiants, en faisant passer un message qui, à tout le moins, dans la vie, va permettre de ne pas être complètement démuni, et d'être, au contraire, un peu aguerri aux réalités juridiques ». 



L.N. : Quel était votre sujet de thèse ?



H.J. : « Ah ! Les servitudes prédiales. Des difficultés en matière de servitudes prédiales, mais en droit romain pur».



L.N : Votre carrière a été ponctuée de rencontres diverses et variées, mais quelle est la plus belle rencontre que vous ayez eu l'occasion de faire ?



H.J : « Je ne peux pas dire qu'il y a une rencontre particulière. Il y en a eu un certain nombre, et ce n'est pas par prudence, pour ne pas blesser certains, mais il y a eu un nombre certain de rencontres que j'ai faites avec différentes personnes : des étudiants, des assistants, des professeurs, d'ici, de l'extérieur, qui ont été vraiment des rencontres extrêmement enrichissantes. Et j’insiste, aussi des rencontres avec des étudiants. Parfois, à l'issue d'un examen, nous discutions un peu, et cela s'est parfois concrétisé par des prolongements dans l'existence. Par exemple, j'ai eu un étudiant, si je me souviens bien lors de ma première année en sciences politiques, un excellent étudiant, qui revenait régulièrement, par la suite, à chaque session me dire bonjour et m'apporter un petit café qu'il avait été cherché à une machine à café de l'université. Et, chaque année, ponctuellement, il se souvenait de moi et passait, et je trouvais ce geste sympathique et magnifique qu'il prenne sur son temps personnel de faire le déplacement, d'aller chercher un petit café et de me l'apporter alors que j'étais en train d'interroger. Et, à cette occasion, il me racontait ce qu’il avait réalisé et était devenu. Voilà quelqu'un d'absolument inoubliable. Et il y a beaucoup d’autres rencontres de ce type, parfois lors de réunions scientifiques, des collègues que je trouvais absolument extraordinaires sur le plan des compétences et qui étaient d'une gentillesse et d'une modestie, en tous points admirables. Donc, toutes ces rencontres forment un bouquet de rencontres. »



L.N. : Qui sera votre successeur l'année prochaine pour le cours d’Introduction au droit civil ?



H.J. : «Je ne peux pas le dire. Il est conçu, né, vivant, viable. Mais je ne suis pas autorisée à aller au devant d'une mécanique qui est enclenchée et qui va faire en sorte que, pour Mons et pour Bruxelles, il y aura un titulaire, un très bon titulaire. »



L.N. : Avez-vous connu certains de nos professeurs actuels, alors qu'ils étaient encore sur les bancs des étudiants ?



H.J. : « Ah oui, et quand même plusieurs, vu mon âge avancé ! Depuis que je suis assistante, j'ai vu passer de nombreux collègues comme Michèle Grégoire, Daniel Garabedian, Marc Uyttendaele, Régine Beauthier, et bien d’autres. Enfin, ceci prouve vraiment que je suis un dinosaure (rires). »



L.N. : Quel est votre regard sur le baptême étudiant ?



H.J. : « Personnellement, je ne l'ai pas vécu, peut-être dans la logique de la très bonne étudiante, profilée pour étudier. Mais ce que j'en dis est que, vu de l'extérieur, je ne sais comment cela se passe actuellement, mais il y a eu des années où cela se passait de manière un peu excessive et où l'université a été amenée à réagir. Elle l'a fait dans les termes qu'il fallait et de manière adéquate, et je pense que maintenant cela se passe bien. Si l'ensemble du processus est un processus passé avec le consentement des intéressés et que, de surcroît, ce n'est pas un processus d'humiliation, pourquoi pas. Moi, ce qui m'avait amenée à réagir, c'était des situations auxquelles j’avais été confrontée, au passage, et que je trouvais absolument inacceptables sur le plan humain. Par exemple, dans l'ancien jardin de l'université, une table et des comitards assis derrière elle qui faisaient passer des étudiants devant eux, à genoux, et qui leur crachaient à la figure la bière qu'ils avaient bue. Même si l’on m’explique que l'étudiant qui se fait cracher au visage est consentent, je trouve que c'est inacceptable sur le plan humain. Donc, voilà des choses que l'on ne peut pas admettre, mais par ailleurs, avoir du bleu ou du vert dans les cheveux et répéter « je te vénère, ô toi grand ancien » (je ne sais pas exactement ce qu'il est imposé de répéter !), c’est ok, ça ne me gêne pas. J’ai toujours été très attachée au respect, celui que je témoigne aux étudiants et celui que les étudiants me témoignent, celui qu’ils doivent se témoigner entre eux, qu'il faut témoigner à tout le monde en fin de compte. L'être humain doit avoir d'une part de la dignité, mais aussi faire preuve de respect vis-à-vis des autres. Cette dimension-là doit exister et être intégrée en toute occasion. Maintenant, si vous me demandiez de passer mon baptême aujourd’hui, je ne pense pas que je le ferais... »



L.N. : Que vous manquera-t-il le plus à l' ULB ?



H.J : « Pour le moment rien, parce que je peux prolonger mon enseignement de Questions approfondies de droit romain. Donc, j'aurai encore des étudiants, j'aurais encore le plaisir d'en croiser. Tout va bien dans mon environnement proche, je garde la présidence du centre d’Histoire du Droit. Mais, dans cinq ans, ce qui me manquera évidemment ce sont mes « petits étudiants ». Ces regards, ces visages, ces physionomies, cette jeunesse, ce goût du savoir, cet esprit jeune, ce dynamisme, cet enthousiasme (spécialement au début de l'année), ces sourires, ces questions, c'est formidable, c'est irremplaçable ! Je crois que tant que l’on a ça, on ne vieillit pas. Après, pouf... »



L.N. : Quel professeur vous manquera plus que les autres ? Et pourquoi ?



H.J. :« J'ai beaucoup de très bonnes relations et avec beaucoup de collègues, mais, il est vrai, il y en a que je ne connais pas, parce qu'ils sont vraiment trop extérieurs ou très jeunes. Certains restent, avec qui j'ai des liens d'amitié qui durent depuis de longues années, ils sont devenus d’authentiques amis, depuis le moment où ils étaient étudiants et moi assistante ; il y en a d'autres, plus âgés, qui sont déjà partis et que je continue à voir régulièrement. Je n'aurai pas un déficit en camaraderie, en amitié, en relation, au delà du professionnel. Je ne parle pas d’amitiés purement professionnelles « à la romaine », mais d’amitiés affectives,  avec vraiment beaucoup de plaisir à se retrouver, à pouvoir discuter de sujets divers. Ceux qui sont encore en place et le seront encore pendant un bon bout de temps, je les verrai encore ; ceux qui sont déjà partis, je les verrai toujours. Donc, sur ce plan-là, je pense que la situation se prolongera. »



L.N : À qui décerneriez-vous la palme du meilleur assistant de droit romain ? Pour quelles qualités ?



H.J : « Je vais de nouveau répondre comme une byzantine. J'aurais plusieurs personnes, pour ne parler que des plus anciens, parce que j'ai des jeunes qui sont vraiment super, je ne leur vois aucun défaut, vraiment ils font le travail avec passion, ils connaissent très bien la matière, ils répondent à chaque appel, et c'est magnifique. Mais, parmi les plus anciens, le cœur de l'équipe, il y en a qui ont commencé à mes côtés dès le premier jour comme élève-assistant, donc non rémunéré. De cette équipe-là, le cœur du cœur de l’équipe, il en reste un Vincent De Wolf, car Patrick Vassart, il y a quelques années, a quitté, à mon invitation, le service parce qu'il allait enseigner le droit romain à Mons. Mais il y en a beaucoup d'autres anciens, Jérôme Sohier, Éric Riquier, et, parmi les honoraires, Nathalie Massager, Erik Van den Haute. J'ai eu et j'ai encore une équipe en or. Ils ont posé leur candidature, parce qu'ils avaient vraiment envie de faire de la pédagogie. Je n'ai jamais eu, pratiquement, d'assistants de type « carte de visite ». Mes assistants viennent parce qu'ils ont véritablement envie d'enseigner. Donc, c’est plus une palme collective qu’il convient de décerner. On pourra penser que c’est une réponse très prudente de ma part, qui ne veut blesser personne, mais, je le pense, c'est une palme collective que je décernerais à mon équipe, aux anciens et aux plus jeunes, parce que certains sont là depuis très peu de temps mais eux aussi sont déjà totalement investis. J’ai vraiment une « chouette » équipe, très soudée, et les plus jeunes ont souvent été les étudiants des plus anciens. Je me rappelle une réunion récente où un des plus anciens s’exprimait et une très jeune assistante lui a dit « Mais, tu sais, je n'étais même pas née quand toi, tu travaillais déjà en droit romain », et nous avons subitement pris conscience que, dans la même équipe, un décalage de temps considérable séparait les jeunes des plus anciens, qui pourraient pratiquement être les parents des plus jeunes. C'est drôle ! On oublie évidemment que la roue du temps tourne. »



L.N. : Quelle a été la réponse la plus drôle que vous ayez eu à lire en corrigeant un examen ?



H.J. : « Il y en a beaucoup. Je fais un petit florilège personnel depuis deux, trois ans. Certaines sont drôles sans que l'étudiant ne s'en rende compte, parce qu’il s’agit d’une construction juridique qui est drôle. Mais d’autres sont drôles, pour la drôlerie même, du style « Ouh, la, la ! Ça, ça va être compliqué... », un étudiant qui sans doute ne voyait pas la réponse à la question. Il y a, en fin de compte, assez bien de réponses qui sont drôles, involontairement ou volontairement, et, chaque année, par session, je fais un florilège entre 20 et 50 réponses, que je trouve amusantes et que je communique, sans révéler le nom de leurs auteurs, à mes assistants. Des réponses qui, au minimum, font sourire et, parfois, font pouffer de rire. Nous ne rions pas de l'étudiant bien entendu, mais de la réponse qu’il a faite. Je me souviens d’avoir lu une fois un « Ah, ça, c'est bien de l'humour à la Jones. » »



L.N. : Quel a été l'incident le plus burlesque que vous ayez vécu lors d'un de vos cours ?



H.J. : « J'ai eu droit à deux passages de cyclistes, qui sont entrés, pendant que je faisais cours, par les portes battantes de l’auditoire Janson, et à des années de distance. L’un des deux m'a salué, au passage, très gentiment. Au total, j’ai trouvé que c’était plutôt surprenant et rigolo. Et il y a un événement, qui n'est pas burlesque celui-là, mais que j'ai trouvé très mignon. Je peux le dire maintenant que je suis en fin de carrière, car il ne risque plus de se reproduire.. C'était un étudiant qui voulait offrir à sa petite copine un bouquet de fleurs à l’occasion de son anniversaire.  Le fleuriste est arrivé dans le Janson, avec le bouquet de fleurs en mains. Je me suis interrompue et lui ai dit « De quoi s'agit-il ? », « C'est un bouquet que je dois remettre à Mademoiselle X ». L’étudiante était assise dans l’auditoire, elle est devenue cramoisie, et je me souviens lui avoir dit « Voilà un souvenir que vous garderez précieusement pour toute votre existence ». Incident touchant, seulement j'ai demandé aux étudiants de ne pas le reproduire pour éviter qu’à chaque cours il n’y ait des allées et venues de fleuristes, vu le nombre élevé d’étudiantes inscrites en première année ! ».



L.N. : Est-il vrai que les professeurs font un classement des professeurs qui mettent le plus leurs étudiants en échec ?



H.J. : « Non, ça c'est complètement insensé. Je vous garantis que cela n'existe pas. Il n'y a pas de classement des professeurs qui mettent en échec, comme il n'y a pas de quotas, ce sont des rumeurs d'étudiants : les quotas d'étudiants qu'il faut recaler ou laisser passer font partie de la mythologie terrorisante qui circule parmi les étudiants. C'est une rumeur complètement fausse. Maintenant, au sein d’un jury d'année, il peut se faire que des professeurs notent plus sèchement que d'autres, mais, curieusement, ces professeurs sont souvent très bienveillants en délibération, parce qu'ils sont conscients de la sévérité de leur notation. Et d'autres professeurs notent parfois de manière très généreuse, mais se montrent eux relativement plus inflexibles en délibération, parce qu'ils considèrent qu'ils ont déjà noté généreusement les étudiants. Il faut tout examiner, en réalité. De manière générale, je trouve  que les délibérations fonctionnent très bien dans cette faculté, ce sont de véritables délibérations. Il existe d'autres facultés, où seuls les chiffres parlent. Il convient de tordre le cou à cette mythologie des étudiants. C'est un peu comme les enfants qui aiment avoir peur, qui aiment les histoires avec des ogres, des ogresses et des monstres. J'ai un jour été appelée chez le vice-recteur à la politique étudiante qui avait mis en tableaux les résultats d'une session de première en droit en couleurs : les notes inférieures à 8 en rouge, les notes de 8 à 10 en orange, et à partir de 10 en vert. Il n'y avait pas de colonnes verticales rouges, le rouge apparaissait un petit peu partout, et, en général, pour le même étudiant, le rouge apparaissait dans plusieurs colonnes. Donc, rien ne permettait de démontrer qu’un, deux ou trois professeurs étaient plus « buseurs » que les autres. La dispersion des couleurs était, si j’ose dire, assez harmonieuse. Ceci dit, incontestablement, il y a des professeurs qui notent plus sèchement que d'autres. À mon sentiment, il y a bien d’autres questions qui mériteraient une réflexion facultaire, maintenant que le programme est fait. Par exemple, sur le type de pédagogie que l'on cherche à réaliser : est-ce une pédagogie encyclopédique ou bien une pédagogie de structure ? Il serait ainsi utile d’enclencher une réflexion sur le support de cours, l'ampleur qu'il doit présenter. J'avais ce type de réflexions à mon agenda décanal, simplement Bologne est arrivé par le côté, par tribord, et j'ai été contrainte de donner la priorité à Bologne sur les réflexions internes. Mais vous êtes là aussi pour lancer des réflexions sur de pareils thèmes ! Je ne suis pas en train de vous dire « Etudiants de tous les pays, sortez de l'ombre, unissez-vous et faites la révolte! ». Mais il me semble que certaines thématiques pourraient utilement être examinées à l’occasion. Faut-il déterminer l’ampleur du support écrit par rapport à un volume horaire ? Et, si oui, qu'est-ce qui serait de l'ordre du raisonnable ? Quel est l'objectif poursuivi par les exercices pratiques, de manière générale, et, plus particulièrement, par rapport au cours ex cathedra auquel ils sont attachés ? Est-ce vraiment pratique ce que l'on y fait ? Faut-il initier l’étudiant à la rédaction d’un bon travail ou/et lui apprendre à réaliser un bon exposé ? Il existe nombre de sujets qui mériteraient que l’on s’y attache. »

Photo Prom Night Droit 2012
Par Yasmina Sharane