samedi 30 juin 2012


Simuler c’est négocier :  

Ça ne vous a surement pas échappé mais ces derniers temps la faculté de droit foisonnent d’initiatives et de projet étudiants de toutes formes et pour toutes les envies. Beaucoup d’étudiants cette année s’investissent dans différents projets et essayent d’entrainer avec eux une bonne partie des auditoires, et c’est tant mieux. Rien que cette année, on a eu la possibilité de partir à Salzburg, à Exeter, à Venise, rejoindre le tout nouveau Centre de Droit humanitaire (relancé par des étudiants), de participer à différentes simulations, faire des formations, suivre des conférences, plaider devant la Cour de Cassation ou devant une Cour international et j’en passe. Aujourd’hui, nous avons envie de mettre à l’avant plan, une des initiatives étudiantes qui rencontre le plus en plus de succès : le projet LIMUN. Amalia Rodriguez (MA1), Valentin Jadot (BA3) (et di fond du local Anis Farvaque (MA1 Sc-Po)) ont  bien voulu nous présenter ce projet à la tournure plus qu’international.

L.N : Alors avant de commencer, pouvez vous nous expliquer ce qu’est la LIMUN et en quoi cela consiste ?

A.R : LIMUN ça veut dire London International Models United Nations et c’est une simulation de négociations de l’ONU par rapport à des thèmes particuliers d’actualité. Le principe est assez simple : des étudiants de tous horizons se réunissent dans une très belle université à Londres, se divisent en plusieurs comités (identiques à ceux qui existent à l’ONU) et ils y simulent des négociations internationales entre diplomates de chaque pays. Cette année, la délégation de l’ULB ne comptait pas moins de 15 membres, un record.

V.J : La particularité aussi de ces négociations c’est que chacune des délégations étudiantes qui se rendent à la LIMUN représente, non pas son pays d’origine, mais un autre pays membre de l’ONU,  à charge ensuite à la délégation de se répartir dans plusieurs comités afin d’y représenter le pays qui lui a été attribué.  C’est un grand jeu de rôle international organisé par et pour des étudiants.

A.F : Ces activités de simulation de négociations et de diplomatie sont typiques de la culture anglo-saxonne, et donc assez peu connues chez nous, mais là-bas c’est un peu une tradition d’y participer, une sorte de grand tournoi intellectuel, et c’est impressionnant de voir comment « ce jeu » est pris au sérieux par les étudiants.

N : Je suppose qu’une tel aventure ne s’improvise pas comme ça à la légère et que vous avez du vous préparer avant de partir ?

A.R : Oui bien sûr, c’est essentiel. Les délégations reçoivent avant de partir à la LIMUN les sujets qui vont être traités dans chacun des comités, tout le travail qui a été fourni là-bas sur place par notre délégation, vient d’un travail collectif du groupe qui, en dehors des heures de cours, ont travaillé sur leurs sujets et se sont renseignés sur la situation géo-politico-juridique de leurs pays, et ce sans aide extérieure

V.J : Cette année, Mister Best, le nouveau professeur d’anglais de la faculté est venu nous aider pour le coté linguistique de l’aventure. Cela dit, pour le reste, ce sont les membres de la délégation qui prennent en main aussi bien l’organisation du voyage que la préparation des « topics » de discussion et la familiarisation avec les « rules of procedures ».

AR : En parlant de Mister Best, il faut signaler qu’il faut avoir un petit bagage en anglais, car une fois sur place tu as beau préparer ce que tu veux, la plupart du temps tout se fera à l’improvisation, il faut se lever et  s’imposer sur des thèmes vraiment pas faciles (de la géo-politique en anglais je te laisse imaginer), tu dois vraiment imposer ton style, et avoir une certaine forme de rhétorique, il y a même plus de forme que de fond à la LIMUN, c’est comme du théâtre.


N : mais organiser une pareille expédition, est ce que ça ne coute pas trop cher ?

A.R : Non pas du tout, ça coute surtout beaucoup de temps, car il y a des réunions hebdomadaires durant lesquels nous faisons le point sur nos recherches, et cette année, nous avons reçu les sujets qui allaient faire l’objet des simulations juste avant les examens de janvier, donc on peut te dire qu’on n’a pas chômé.

V.J. : C’est vrai que ça doit aussi se préparer pendant le premier quadri, parallèlement aux études. Ce n’est pas un énorme défi non plus ; cela représente un certain investissement personnel mais je pense que personne n’a jamais regretté le temps qu’il y a consacré !

 A.F. : et notons que ce voyage a aussi été possible grâce à l’aide financière de l’ADBr, du Bureau étudiant et du Cercle de Droit.

N : Mais alors quel est le parcours type d’un participants à la LIMUN ?

VJ : Quand on s’inscrit, on nous attribue un pays (par rapport à la taille de la délégation), par exemple cette année la délégation de l’ULB représentait Les Philippines et le Canada, puis on reçoit la liste des différents comités et donc à charge pour nous de nous répartir dans chacun de ses comités (un étudiant de la délégation de l’ULB par comité),  et d’y représenter le mieux possible, le pays qu’on nous attribué, nous recevons en même temps les sujets qui seront développés dans le comité de l’ONU choisi par l’étudiant.

AR : Tu reçois deux sujets que tu vas devoir aller le défendre dans un faux-comités de l’ONU, mais qui existent dans la réalité, moi par exemple j’étais dans le comité simulant les négociations à l’UNESCO et Valentin était dans le comité : WORLD BANK. Ce qui est aussi très chouette dans le LIMUN, c’est cette sorte d’enquête que chaque étudiant pour mieux connaître son pays, où il n’a jamais mis les pieds, et puis d’aller le défendre dans le comité, ce qui implique donc de connaitre l’actualité de ce pays sur le bout des doigts.

L.N : Qu’apportent les études de droit dans cette simulation ?

VJ : Le droit t’apporte un point de vue  juridique de la négociation, étant en droit tu sais déjà plus ou moins quels sont les organes compétents de l’ONU pour tel matière, les compétences des divers cours et tribunaux internationaux, on peut mieux recadrer les débats de ce points de vue là, et parfois même amender des solutions qui ne tiennent pas la route (ex : CEDH compétente hors des pays membres du Conseil de l’Europe, etc.). Il faut savoir que dans ce genre de concours, étonnamment, il y a peu de juristes qui font des simulations dans la culture anglo-saxonne. Ce sont plutôt des scientifiques style chimistes, biologiste. Outre-manche, la LIMUN est une expérience très valorisante, c’est un véritable tournoi, un grand jeu de rôles,  vrai realpolitik, où, quelque soit les études que tu fasses, tu dois apprendre à placer tes pions et construire des alliances, tenter de convaincre pour influencer la résolution finale.

A.F : moi étant en sciences-po, je pense que les études qu’on est en train de suivre n’apportent pas grand chose, mais c’est la LIMUN qui t’apporte une vrai formation de négociateur, et ça t’apprend à faire passer des choses qui sont, à première vue, impossible à faire passer,

AR : pour moi ça apporte plutôt l’esprit d’équipe, même si on se prépare individuellement, on est toute une équipe à aller là-bas et les plus expérimentés sont là pour aider les petits nouveaux. Il y a donc une grande motivation, un bon esprit d’équipe et un soutien moral, car quand on va là-bas on se prend une bonne petite claque dans ta première négociation.

L.N : Comment se vit la LIMUN ? Comment ça se passe une fois arrivé sur place.

R : on a passé 4 jours à Londres, et 3 jours en négociation, mais ce sont des journées complètes de 9h à 18h

VJ : Ce sont des journées très intenses, il faut imaginer qu’Il y a à peu près une cinquantaine de personne dans chaque comité, ça va du plus petit, du conseil de sécurité de l’ONU (15 personnes) et 100 pour le plus grand comité. Le but est d’arriver à ce que le comité se mette d’accord sur un texte à l’issue des 3 jours de négociations, et de trouver une solution à un problème international auxquels les diplomates des Nations Unies n’ont pas encore trouvé de solutions. Il y a d’ailleurs un mythe qui dit que certaines des véritables résolutions sont adoptées sur base des textes adoptés dans les différentes MUN.  Le truc à la LIMUN, c’est qu’on représente un pays, il faut savoir quel est la taille de ce pays au niveau international, il faut donc placer ces pions de tel manière que le texte finalement adopté par le comité conviennent aux idées du pays que je représente. Tu ne peux jamais parler en ton nom propre, toujours par rapport à ton pays.

AR : donc par exemple à la simulation de l’UNESCO, on avait deux thèmes a préparer, le premier concernait la liberté d’expression dans les nouveaux types de médias, et le deuxième qui était la problématique de la reprise de l’enseignement après des conflits armés, et c’est vraiment au début du comité  qu’on a choisi l’ordre du jour. Et puis on discute, on négocie pour tenter d’arriver finalement à un texte qui nous mets tous d’accord (enfin la majorité des membres du comité). Bien sûr à la fin on vote oui ou non en fonction de la position géopolitique du pays qu’on défend.

L.N : Qu’avez-vous pensé de la prestation des autres délégations présentes, et plus particulièrement de la délégation belge ?

VJ : La Belgique n’était pas vraiment représenté dans ces comités, elle n’a pas vraiment de poids important dans la négociation. C’est d’ailleurs beaucoup plus amusant de défendre un autre pays que ton pays d’origine, cela nous a permis de voir des choses très drôles comme la Corée du Nord et la Russie, par exemple, qui n’hésite pas à jouer leur rôle à cœur, notamment face aux USA, etc.

AR : dans mon comité, il y avait le représentant d’Israël et de la Palestine, qui n’ont pas arrêtés de se clacher mais à la fin de toutes les négociations, la délégation de Palestine a reconnu officiellement l’Etat d’Israël, et  puis, ils se sont fais une accolade, comme quoi les dirigeants devraient prendre exemple sur ce qui se passe à la LIMUN.

AF : et les socials event, on n’en parle pas ?

L.N : Anis, c’est moi qui pose les questions !

A.F. : Désolé

L.N : Bon ça c’est la journée, mais le soir ça devait être autre chose ?

VJ : pour caricaturer, ils y a les super-entrainés qui potassent le soir, pour être encore plus prêts le lendemain pour négocier, n’hésitant parfois pas à y consacrer des nuits blanches entre deux journée de négociation. Et puis il y a les 99% autres qui sont contents de se rencontrer et de parler un peu d’autre chose le soir venu…

AR : La  journée on négocie et le soir ce sont de soirées où toutes les délégations peuvent passer la soirée ensemble, boire un verre en dehors du comité et donc rencontrer des personnes de tout horizon et certaines peuvent en profiter pour créer des alliances dans leurs comités. C’est un jeu, on est là pour s’amuser, et les socials events permet  justement d’un peu décompresser.

L.N : Et maintenant quel est l’avenir de la LIMUN à l’ULB, que projetez-vous ?

VJ : On s’est agrandi et l’équipe LIMUN marche plutôt bien, mais ce que l’on voudrait c’est vraiment faire partager à l’ensemble de la faculté de droit la logique des MUN et l’envie de faire des simulations de ce type, car c’est une expérience enrichissante, intéressante, il faut transmettre cet esprit à l’ULB.

AR : il faut noter que nous allons bientôt faire une grande conférence pour l’ensemble de la faculté, afin d’expliquer comment marche la LIMUN et il y aura un thème spécifique qui sera axé sur la diplomatie. Donc n’hésitez pas à venir pour entendre toutes les informations disponibles, ainsi que sur toutes les démarches à suivre pour entrer et participer à une MUN.

Quelqu’un m’a dit quand je suis arrivé à l’université, qu’à l’ULB il n’y a pas que les cours et la guindaille, qu’il y a plein d’autres chose à faire, et le projet LIMUN en fait partie, Les Novelles ne peuvent que vous encourager à suivre cette initiative étudiante qui mélange à la fois jeu, politique, droit, pouvoir, négociation et bonne humeur. N’hésitez pas non plus à contacter les membres de la LIMUN (limun.ulb@gmail.com) et surtout allez vous renseigner à la prochaine conférence de nos « ambassadeurs » afin de vous aussi, vous jeter dans cette aventure… so british.
La délégation ULB 2011-2012

Par Mathieu Dekleermaker

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