mardi 11 décembre 2012

Manifeste du Parti Publiciste



Avant propos : cet article est une réponse à l’article de Mala Fides et comme le sien, cet article a vocation à divertir les lecteurs et non commencer une quelconque polémique sur des convictions personnelles et encore moins critiquer le travail de n’importe quel délégué (qu’il soit privatiste ou non). Ces élections sont une occasion rêvée de pouvoir traiter du sujet de la guéguerre droit privé droit public, et comme vous le savez je ne vais pas m’en priver. Cet article est donc à prendre au 125ème degré.  J’utiliserais cependant un petit peu moins de champ lexical de la droite française au profit de phrases, d’élément de langage et d’aphorismes connus du monde politique.Cet article est donc lui aussi rempli de mauvaise foi (sinon ce ne serait pas drôle).

Camarades,

Ce vendredi 7 septembre est une journée à marquer d’une pierre blanche dans l’histoire de la faculté de droit de l’ULB. En effet après 2 années de régime privatiste, le parti publiciste renaît de ses cendres (ndlr : une foule en délire crie sa joie). En effet suite aux résultats sans appel sortis des urnes, nous pouvons enfin regarder nos adversaires, et Mala Fides en premier, en les toisant du regard avec un « tssss » condensant.


Ah MA2, MA2 outragé ! MA2 brisé ! MA2 martyrisé ! Mais MA2 libéré…

Ah je les vois encore, ces privatistes prétentieux qui ne peuvent s’empêcher de venir nous démontrer toutes les 5 minutes leur, soi-disant, supériorité en sortant leurs portes-feuilles car oui voilà à quoi se résume l’argumentaire  des privatistes, le portefeuille, avec des phrases comme « tu vois toi tu n’en n’auras jamais un comme ça plus tard dans ta vie » ou « le contenant est encore plus cher que le contenu mais tu ne peux pas comprendre ! ». En effet je ne comprends pas. 

Et puis il y aussi cette manie typiquement privatiste de sortir votre Iphone à tout moment pour bien montrer que vous recevez des sms toute la journée (avec toujours cette même sonnerie de clochette à vélo) ! Seulement vous le rentrez bien vite car 7 fois sur 9, vous avez pété la vitre de votre Iphone lors de votre dernière sortie au Wood, et ça… c’est bien fait.

Vote anonyme d'une jeune privatiste
L’article de Mala Fides est d’ailleurs à ce propos très instructif. En effet bien qu’emprunt d’une importance mauvaise foi (bon sang ne saurait mentir), ce « papier » nous montre bien que les privatistes ont la prétention d’utiliser des concepts qu’ils ne maîtrisent absolument pas ! Un exemple ? Depuis quand un privatiste sait ce qu’est une démocratie ? Oui mais une vrai démocratie au le suffrage universel pour l’ensemble d’une population, et non la démocratie de « l’actionnaire majoritaire ». Effectivement j’en ai vu plus d’un se demander s’il était justifié économiquement de voter et quels représentants leurs donnerait un output plus qu’intéressant pour leurs intérêts (oui moi aussi je n’ai pas compris pourquoi un « output » mais les privatistes aime donner des noms anglais à des choses… sans vraiment savoir de quoi il parle). D’ailleurs est ce que les privatistes savent comment voter ? Ben non, vu que leurs secrétaires ne peut faire pour eux, sinon ils les auraient déjà envoyés. Et en plus le vote se fait sur papier mais quel horreur ! Un privatiste ne sait plus écrire car ses doigts ne sont faits désormais que pour effleurer leurs Ipad, toucher des touches de Mac ou encore étendre de la laque sur leurs cheveux.


Maintenant nos chers nouveaux délégués sont nos Whites Knights à nous, qui ont pour mission de mettre fin à l’OPA hostile que les privatistes opèrent  depuis bien trop longtemps, nous serons enfin le pouvoir régulateur de cette faculté, et nous n’hésiterons au besoin à mettre de mauvaise note, tel une agence de notation. En effet il est temps de mettre un terme à cette société civiliste ! Publiciste de tous les pays unissons-nous ! Fini la politique de droit privé qui s’apparentait plus à l’ancienne bourgeoisie, car ce n’est un secret pour personne mais le droit privé sent « bon » l’Ancien régime avec tous ses honteux privilèges. Il est temps maintenant de faire la prochaine révolution copernicienne de la faculté de droit.

Notre principal atout est notre volonté de défendre l’intérêt général, oui l’intérêt général vous voyez de quoi je veux parler ? Non bien évidemment, il s’agit d’une notion d’utilité publique et donc non rémunératrice (c’est sans doute pour cela que vous maniez très mal ce concept). Par exemple une disposition d’ordre public n’a pas la même valeur pour un publiciste que pour un privatise. Ce dernier verra dans la règle d’ordre public un obstacle juridique à la bonne marche de ses des affaires, alors que le publiciste y verra une protection essentielle pour les particuliers afin d’empêcher des abus et ainsi de permettre le vrai « vivre ensemble » des « vrais gens »,  en ça le droit public apporte un véritable « apport » à la « société » (la vraie, la bonne pas la vôtre).

Les délégués publicistes sont les délégués de tous les étudiants car en tant qu’adeptes du droit public (le droit le plus humain je vous rappelle) ceux-ci défendront tous les intérêts de tous les étudiants et s’il le faut (même ceux des privatistes mais uniquement s’il n’y a d’autres des intérêts à défendre avant). Effectivement les publicistes sont là presque à tous les cours de Droit privé : Droit commercial, droit patrimonial de la famille, Droit international privé, droit du travail, contrats spéciaux… on est même parfois plus nombreux que les privatistes ! Par contre a-t-on déjà vu un publiciste en cours de Droit public économique ou de contentieux constitutionnel ? Non je ne pense pas.

Et en plus lors du vote de ces jeudis et vendredis force est de constater que bon nombre d’abus ont eu lieu lors des élections organisées au sein de la faculté de droit. Et oui nous n’avons pas peur de dire, il y a eu des irrégularités dans le scrutin de ce jeudi et vendredi empêchant ainsi une majorité absolue de publiciste. Quelles irrégularités, laissez moi vous donner des exemples :
Un BA1 interrogé sur place
D’abord aucun publiciste ne se trouvait au bureau de vote en effet les présidents de bureaux (des pro-privé notoires) ont empêché tout contre-pouvoir publiciste de pouvoir constater l’impartialité des assesseurs et du dépouillement. De plus les assesseurs ont changé les bureaux de place dans l’unique but de pouvoir mieux se cacher du grand public (notre chef) et ainsi pouvoir bourrer les urnes.. (Avouez que vous vous attendiez à une blague de mauvais goût de ma part). 

Mais le sommome fut bel et bien les manœuvres de propagandistes privatises (dont le principal à pour initiales M.P.) qui exhortait tout participant à je cite « ne pas voter pour les publicistes car ils servent à rien » (true story). Sachez Ô infâmes tricheurs que nous sommes prêts à n’importe quel moment à faire invalider ces « élections », le jour du scrutin, nous étions mêmes déjà en contact avec certains membres du Conseil d’Etat (et non des moindres) qui était prêts à descendre les étages du H pour tout casser. Mais une fois de plus notre amour de l’intérêt général nous en a dissuadé (… oui enfin les résultats nous arrangeaient aussi).

Alors camarades continuons le combat, nous sommes tout tout proches du but, ne baissons pas les bras. Mais en signe d’apaisement, nous consentons à contacter, dès demain, les représentants du parti privatiste afin de travailler main dans la main pour affronter ces temps de crise qui nous affectent tous que l’on soit privatiste ou publiciste (enfin plus pour les publicistes car papa et maman ne nous donnent pas une partie de leurs dividendes pour terminer le mois).

Vive la république publiciste,

Vive la faculté de droit,

Et vive la droit public libre !



Mathieu Dekleermaker


PS : un tout grand merci à Virginie d’avoir donné de son temps pour organiser ces élections et ainsi nous permettre d’envoyer des étudiants défendre nos points de vue au conseil facultaire et rectification pour Mala Fides, elle n’a pas de Smartphone mais un Blackberry et un Ipad (c’est donc définitivement une privatiste).

mercredi 28 novembre 2012

Etudier à l'étranger, c'est possible grâce des bourses! (VIDEO)



C'est bientôt la fin de nos études à l'ULB et bon nombre d'entre nous planifient déjà ce qu'ils comptent faire après. Si vous désirez aller parfaire vos connaissances juridiques à l'étranger, mais que le prix de l'aventure vous en dissuade, alors regardez un peu cette vidéo.

Dans cette vidéo des éditions Larcier, Monsieur Paul Nihoul,professeur à l'Université catholique de Louvain, nous expose la problématique de la portabilité des bourses étudiantes en cas d’études à l’étranger, ainsi que les conditions à remplir car tout étudiant a intérêt à se former en partie dans un pays différent du sien. Un nombre significatif effectue chaque année un master complémentaire dans un autre pays, mais ces masters sont parfois onéreux. Des bourses peuvent aider mais il y a certaines conditions à satisfaire.


mardi 27 novembre 2012

Un samedi au SIEP de Bruxelles


Ce vendredi  23 et ce samedi 24 novembre était organisé à Tour et Taxis la nouvelle édition du SIEP, le « Salon sur les services d’informations sur les études et les professions », et comme chaque année l’ULB occupait un des plus gros stands du salon (avec celui de nos « camarades » de l’UCL).

Bien évidemment notre faculté fut bien représentée à la fois par des assistants, des professeurs, des chercheurs et, comme chaque année, par plusieurs étudiants de Master dont j’ai eu la chance de faire partie.

 Faisons, si vous le voulez bien, un petit bilan de ces deux jours d’exposition.

Déjà je dois vous avertir qu’à cause de ce salon, je n’ai presque plus de voix. J’aime papoter- vous le savez bien vous qui me voyez gambader en bibliothèque, dans le couloir du H ou au Bureau étudiant- alors ne vous étonnez pas de me voir avec une petite écharpe durant la semaine, car pour avoir papoté,  j’ai papoté avec tous ces jeunes étudiants ainsi que, parfois malheureusement, avec leurs parents. Si vous voyez bien ce que je veux dire, vous voyez la maman  un peu, je cite, « proutproute » qui a forcé son enfant à se lever à 9h du mat et qui le traine littéralement dans toutes les allées du salon en lui disant : « Oh regarde l’ULB, c’est bien l’ULB pupuce, hein qu’est-ce que tu en penses ? » en s’adressant au jeune pré pubère qui n’en a un peu rien « à foutre » d’être là . « Oh et la charcuterie, ça ne te tente pas ? Non pourtant tu aimes bien la saucisse quand j’en fais ? Rhoooo décidemment on ne peut rien te dire ! »… vous voyez le genre.

Quoi qu’il en soit, l’équipe de la faculté de droit et de l’école de criminologie remporte à chaque fois un grand succès : je parle d’équipe car il faut savoir que chaque année un membre de l’administration facultaire, Benjamin Lachterman, pour ne pas le citer, se démène seul pour organiser toutes les séances d’informations relatives aux études de droit à l’ULB. Nous avons donc constitué une belle équipe de représentants de tous les niveaux, et heureusement d’ailleurs car - on a encore pu le constater cette année-, le droit attire encore et toujours beaucoup d’étudiants.

Alors des questions nous en avons eu beaucoup : les habituelles comme : « Pouvez-vous m’expliquer comment fonctionnent les études en droit ? », « Pourquoi choisir l’ULB plutôt que l’UCL ? », « Est-ce vrai qu’il faut être intelligent pour réussir en droit ? »( ahahahahah très chère si tu savais le nombre de pignoufs qui sortent chaque année tu serais étonnée ahahahahaha).

Par contre, les préjugés et les rumeurs ont encore la peau dure ! Qu’est ce que j’ai pu entendre des « je voudrais faire du droit mais je n’ai pas envie d’étudier les lois par cœur » ou «je n’ai pas fait de latin donc je suis handicapé pour faire du droit ? »…  Et le pire, c’est que c’est à chaque fois pareil pour tout le monde, et il faut répéter et rerépéter à chaque fois, et quand tu as le malheur de boire un peu d’eau entre 2 exposés sur les bienfaits des études de droit, les gens ne peuvent s’empêcher de dire, « ah oui monsieur vous parlez beaucoup hein ! Mais bon c’est aussi vos études ça ! »

Mais je pense que cette année la palme de la question idiote, bizarre et ubuesque revient à cette maman  qui est venue me demander, et c’est la vérité vraie je vous le jure, s’il fallait vraiment être franc-maçon pour pouvoir réussir à l’ULB et qu’au contraire à l’UCL, il fallait être membre de l’Opus Dei, parce que sinon elle devait se dépêcher d’aller l’inscrire dans une loge avant septembre prochain. Comment voulez-vous que le monde avance avec des gens ainsi !
Mais ce qui m’a le plus choqué dans tout ça c’était d’autres types de questions qui étaient quant à elles, beaucoup moins innocentes. En effet beaucoup de jeunes étudiants sont venus chez nous pour nous poser des questions du style « oui mais pourquoi est ce que j’irais à l’ULB alors que tout le monde dit que l’administration à l’ULB est chaotique », « c’est vrai qu’on est pas du tout encadré par les autorités dès la première année » ; « oui mais il parait que l’administration fait rater beaucoup d’étudiants » et alors le pompon reste la question que j’ai eu l’occasion d’entendre deux trois fois : « oui mais comment voulez vous réussir en 1ère année alors qu’il y a un professeur en droit constitutionnel qui fait rater tous ces étudiants ! », Je vous jure sur la Constitution que ces questions nous ont vraiment été posées, et vous savez bien que je l’aime cette Constitution. Et après avoir discuté un petit peu avec ces mêmes étudiants, tous m’ont dit que c’est ce qu’on leur a raconté à propos de l’ULB…  au stand de Saint-Louis et de l’UCL.
OOOOOUUUUUUUHHH les malappris. Heureusement qu’il y avait le stand de la police à coté d’eux sinon j’aurais été y faire un malheur.

Pourquoi  ai-je décidé de vous raconter cette anecdote et bien tout simplement pour dire, et pour essayer de bien le faire comprendre à nos autorités que nous sommes en train de toucher le fond, et que nos soi-disant universités amies, n’hésitent plus à se servir des bilans lamentables de l’ULB de ces dernières années pour faire leur publicité sur notre dos.

Une fois de plus cela ne peut plus durer, j’en ai marre de faire partie d’une université qui n’attire plus les étudiants pour des raisons de pédagogie et d’enseignement, j’en ai marre d’expliquer à des étudiants, qui ne sont même pas à l’ULB que malgré ces problèmes (car par honnêteté on ne peut pas nier le fait qu’il y a d’énormes problèmes d’administration), l’ULB reste l’université de mon cœur, de mes tripes et de mon esprit.

Quoiqu’il en soit je vous encourage à vous investir vraiment pour la promotion de l’ULB et de la faculté de Droit, car malgré tout ce que l’on peut dire sur l’ULB et malgré tout les problèmes d’administration, car après tout au fond de nous, bien enfoui quelque part, on l’aime finalement cette université qui nous met tant de bâtons dans les roues. 

Par Mathieu Dekleermaker

vendredi 2 novembre 2012

Coup de coeur Dead Man Talking, Interview exclusive de Patrick Ridremont


Dead Man Talking, un film de Patrick Ridremont.


 De manière non-exhaustive, et pour parler de son CV, Patrick Ridremont a été champion du monde d’impro en 1999, il a été présentateur télé, il a fait des pubs, dont une très « révélatrice » pour MacDonald, il a joué dans des films, téléfilms et sur les planches, il a repris un restaurant sur la place Flagey et il a fait de la radio. Sa dernière aventure est un long métrage, « Dead Man Talking » dont il signé le scénario, mais pour lequel il a également été réalisateur et acteur. Ce film belge, extrêmement juste mais inclassable, c’est 1h40 d’humour sur fond noir, avec un casting irréprochable. Patrick Ridremont se livre pour les Novelles :



Les Novelles: Dead Man Talking se déroule dans un « état fictif ». Tu as également publié récemment sur Facebook la lettre de Jules Destrée au Roi des belges sur la séparation de la Belgique… « Etat fictif »… « Il  n’y a pas de belges »… Coïncidence ?

Patrick Ridremont: Quand j’ai écrit Dead Man Talking, je ne pensais pas du tout à la Belgique, je n’ai rien à revendiquer par rapport à des gueguerres flamando-bruxelloises. En revanche, j’ai quelques références belges que j’aime mettre dans le film. A un moment donné, on voit un gros plan sur une lune, et un des cratères représente la Belgique, c’est de cette manière là que j’ai affirmé ma belgitude. Quand à la lettre de Jules Destrée, je la trouvais très jolie parce qu’elle parlait de la langue maternelle et de cette impossibilité à se sentir faisant partie du même peuple, parce que la langue maternelle, c’est la langue de l’enfant sur les genoux de sa mère, elle remonte très loin dans nos racines et c’est peut-être pour ça qu’il disait qu’on est un peuple incompatible. Le seul rapport qu’il y a avec mon film, c’est le coté « parole ». Mon personnage est un personnage pour lequel la parole est importante, puisque c’est ça qui le sauve.

L.N : Le condamné à mort, c'est-à-dire toi, profite du fait que la loi ne précise pas la longueur de la dernière déclaration règlementaire, pour raconter son histoire et échapper à la sentence. C’est un vide juridique comme ils en existent quelques-uns en Belgique, d’où t’es venue cette idée ?

P.R: En fait, le vide juridique dont profite le condamné c’est ce qu’on entend au quotidien dans les tribunaux : vice de forme, vice de procédure… Chez nous, il y a quelques jours, on a quand même dissout l’ONSS pour une erreur de procédure. Là il se fait que ce n’est pas pour reporter une audience, ni même pour sauver une vie lors d’un procès, c’est vraiment pour sauver sa vie, à 10 secondes d’une injection. Ca signifie que même jusque là la loi derrière laquelle se retranche les hommes pour ne pas avoir de décisions à prendre eux-mêmes peut vaciller.

L.N: Le 6 novembre, jour des élections américaines, ton film sera projeté en Amérique. Fierté, mais stress aussi, non ?

P.R: En fait, et si le film y arrive parce qu’il y a quand-même  des cyclones pour le moment à New-York, ça sera la première fois que mon film va être confronté à un pays pour qui la peine de mort n’est pas comme dans mon film, une espèce métaphore. Ici en Belgique le public comprend bien que ce n’est pas un film pour ou contre la peine de mort, mais juste un prétexte pour raconter une histoire. Eux, évidemment, vont le voir très différemment, et je vais être confronté à leur réaction. C’est assez agréable de penser à ça, ça va sonner assez différemment là bas. C’est un peu comme si un auteur américain avait envie d’écrire l’histoire de deux familles qui se disputent et qu’ils les appelaient les « Vlooms » et les « Wallons » et il raconterait une histoire où ils s’engueuleraient pour des histoires de langues… Mais sérieusement l’auteur n’a rien n’a dire sur les flamands et les wallons. Si le film était présenté à Bruxelles, on se dirait « tiens c’est comme ça qu’il nous voit… ». C’est un peu la même démarche que j’ai faite concernant la peine de mort, je n’ai pas été très loin dans les avis que j’ai par rapport à la peine parce que c’est inutile. J’en ai un et je suis contre.

L.N: Dans le film, on arrive à aimer un meurtrier. C’était voulu ?

P.R: Oui, évidemment. Je ne sais pas si on est vraiment ému pour lui, je crois qu’on est assez ému aussi par ce qu’il se passe autour de lui. On est ému parce qu’autour de ce mec là, dans la vie duquel il n’y avait que de la haine et de la violence, il commence à y avoir beaucoup d’amour, et c’est embêtant.  C’est très agréable de jouer une espèce de brute qui tue deux personnes à main nue et de se dire j’ai une heure quarante pour que les gens le regrette. Pas le pardonne, mais au moins le regrette.
Il y a du bon dans chaque personne, même dans le pire des meurtriers. Juste un pardon parfois, à obtenir avec un peu de communication, ça peut changer les choses. On m’a souvent posé des questions sur Michèle Martin, les lois qu’on va changer, comme dans le film, « parce que ça nous arrange ». On a parlé de peines incompressibles, de changer la loi sur la libération conditionnelle… Mais qui peut dire ce qui se passe dans les arcanes du cerveau de ces gens là ? Personne. Pour moi c’est un pas pour l’humanisation, de elle, et probablement pour sa compréhension à lui. Sérieusement, je ne m’en sortirais pas, moi, en me disant que mon enfant a été tué par un monstre. Je ne crois pas aux monstres, je crois aux humains. Et à un moment donné si les monstres cessent d’être des monstres, ça pourrait m’aider. Mais tout ça leur appartient.  

L.N: Depuis 3 années académiques, on peut aussi rajouter à ton CV le titre de professeur à l’IHECS. Est-ce que ta médiatisation rend difficile ton rapport avec les élèves ?

P.R: En termes d’autorité, il n’y a pas de souci. On peut me payer des bières à 12h40, j’accepte volontiers. Mais imaginons que si tu n’es pas à mon cours et que je fais des points de présence, tu n’auras pas ton point de présence. Je ne suis pas laxiste, donc je n’ai pas de problème d’autorité. J’ai peut-être parfois un « tu » qui est dégainé un peu rapidement. Mais c’est très agréable de donner cours.

L.N: Est-ce que tu es un prof plutôt « vache » ou plutôt « cool » ?

P.R: Je suis plutôt un prof cool. Pour rater chez moi, et j’en fais rater chaque année quelques uns, il faut vraiment le mériter.

L.N: D’ailleurs, mes copines et moi, on a vu la publicité pour MacDonald, et on s’est dit que ça ferait grimper la fréquentation de certains cours, si c’était toi qui les donnais. Tu veux bien ?


P.R: En effet on m’a demandé il y a 3 ans de tourner une publicité à poil pour Mac Donald. Je me souviens parce que c’était juste avant que je ne commence à donner cours à l’IHECS. Certains parents d’élèves avaient été un peu surpris. Mais depuis je n’ai plus le même physique ! J’ai du prendre un peu de poids pour le film… Mais je veux bien venir donner cours oui !

L.N: Avant d’être professeur, tu as été étudiant à l’IAD à Louvain-la-Neuve. Plutôt guindailleur ou rat de bibliothèque ? Tu as fait ton baptême ?

P.R: Ni l’un ni l’autre ! Je n’ai pas fait mon baptême. Il faut savoir que l’IAD est dans un quartier à l’écart, je n’ai pas trop fréquenté les pennes et les vomis. A l’époque, il n’y avait pas d’animation tout le temps, et puis il fallait marcher un bon kilomètre et demi, et on était plutôt fainéant. Et moi quand l’école était terminée, j’avais la grande chance de vivre, dans un premier temps, à Wavre, donc je n’avais aucune raison de trainer là. Et quand je ne rentrais pas chez moi, j’allais chez mon meilleur ami, Olivier Leborgne qui avait une chambre à l’IAD. Ensuite j’ai rencontré une nana, qui est devenue la mère de mes enfants, qui habitait Bruxelles donc je rentrais tous les soirs à Bruxelles. J’ai rapidement été un adulte, qui me marrait, mais je n’ai jamais été guindailleur.
Pour l’anecdote, Olivier Leborgne, Benoit Descamps et moi-même, nous avions créé un petit groupuscule, qui s’appelait le « Jawox », je ne sais pas pourquoi d’ailleurs. On s’amusait à faire des trucs de potaches. Il y avait un commu de théologie, on s’amusait à venir souhaiter l’anniversaire d’un des mecs avec une femme en bikini… On faisait des blagues dans ce genre là !

L.N: Et pour revenir à ton film, pour ceux qui l’ont vu, tu as quelque chose à révéler, un secret de tournage peut-être ?

P.R: Oui, une petite anecdote légale ! Il y a un chien mort dans le film. Un chien empaillé ça  n’allait pas, un chien dressé, il ne serait pas resté « mort ». Donc nous sommes allés voir un vétérinaire, puisqu’il euthanasie des chiens régulièrement. Le problème c’est que la loi interdit de rendre la carcasse d’un chien à quelqu’un d’autre que le propriétaire. Nous avons donc du l’adopter. Mais on ne peut pas adopter un chien mort ! Donc on a du adopter le chien vivant, l’histoire de 30 secondes, le temps de signer les papiers. Voilà un bel exemple de connerie légaliste.

L.N: Ton expérience d’impro a servi pour le film ?

Patrick Ridremont, un condamné
à mort... de rire!
P.R: Ca a servi pour l’écriture. J’ai une certaine facilité à rentrer dans les personnages au moment où je les écris. Une des caractéristiques de mon film, c’est que tout le monde ne parle pas de la même manière. La jeune fille parle comme une nana de 14 ans, Raven parle avec une cruauté qui lui est propre… Mais après, pendant le tournage, on n’a pas changé une seule ligne du texte. 

L.N:Donc ce projet n’est pas neuf, tu l’as écrit à l’aube de tes 33 ans. C’était quoi ton envie à ce moment là ?

R.R: Ecrire, raconter une histoire. J’aime ça. Comme une fille tiendrait un journal intime, moi je tiens des scénettes intimes, des courts métrage intimes, des histoires.


L.N: Le fait de transformer cette histoire en long métrage, ça t’a permis de mettre 15 minutes de silence au début du film. Pourquoi ce choix du silence ?

P.R: Le film s’appelle Dead Man Talking, donc on peut se dire « ça va être un type qui n’arrête pas de causer ». C’est un joli pied de nez au départ que d’imposer 15 minutes de silence.  
Et puis grâce au silence, on en oublie le contexte de la langue, ce qui fait qu’on ne se dit pas « ils parlent français alors que c’est un film qui parle de peine de mort ».

L.N: Après un truc aussi énorme, tu vas faire quoi ?

P.R: On a des angoisses quand on est comédien, et maintenant j’en ai aussi en tant que réalisateur. Il y en a une que je n’ai plus en tant que réalisateur. Quand j’étais comédien je me disais souvent « il faut que ça se passe, j’ai 45 ans, c’est vieux ». On ne mettra pas mon poster au dessus de son lit, c’est trop tard. Par contre, 45 ans pour un réalisateur, c’est jeune, j’ai la vie devant moi pour raconter des histoires.  Je vais continuer à réaliser. Je vais rentrer à la maison après l’interview et continuer à écrire. Peut-être un film, une bd, une série de BD… J’en suis là, continuer à raconter des histoires et donner des cours à l’IHECS.

Par Virginie Angé  

mardi 23 octobre 2012

Lettre aux Erasmus :


Chères Erasmusiennes, chers Erasmusiens, les amis,

Comme je vous  l’avais promis et vu qu’il est de mon devoir en tant que rédacteur du Journal Les Novelles, sorte de petit service public facultaire (oui je continue à me la péter), je vous tiens donc informés des dernières nouvelles de notre bonne vieille Faculté de Droit, que vous avez (honteusement) désertée au profit de plus beaux horizons que celui du bâtiment H baignant dans la brume matinale d’un matin d’octobre.

Laissez moi d’ailleurs commencer cette petite lettre en vous adressant une faveur : arrêtez de poster des p**** de photos sur Facebook, je n’en peux plus ! Cessez de nous aguicher avec des photos qui nous renvoient à notre triste sort (vous me direz qu’on avait qu’à aller aussi en Erasmus, et je vous répondrai que vous avez bien raison). Oui alors que nous nous cassons la tête pour choisir nos options dans une liste tarabiscotée et incompréhensible, on n’en peut plus de voir toutes les  photos de vos escapades dans les ruines de Rome (avec le soleil de Méditerranée de surcroît , de vos soirées surement très bien arrosées en Ecosse, de vos treks en pleine nature du coté d’Oslo, de vos cours de surf au Portugal, de vos soirées tapas-Sangria à Madrid, de vos conférences de droit naturel à Paris, de toute vos autres activités fribourgiennes et j’en passe et des meilleures.

C’est une blague bien évidemment ! Continuez à nous envoyer de vos nouvelles le plus souvent possible, histoire de voir que vous êtes toujours vivant car parfois je suis assez inquiet pour votre santé. Quand je vois que certains d’entre vous partent à l’aventure au risque de se faire bouffer par un ours dans les forêts suédoises, ou que vous vous faites  accoster dans des boîtes de nuits par des gens qui ont l’air tout aussi imbibés qu’une bande de comitards terminant un mar-affond, mais la palme de l’angoisse fut pour moi lorsque nos amies « écossaises » n’ont pas hésité à arborer bien hauts nos couleurs nationales au nez et à la barbe des autochtones écossais lors du dernier match de foot Belgique-Serbie. Même moi je n’aurais pas osé.
Bref continuez à nous donner des petits signes de vie. Je dois vous avouer n’ayant pas le cœur de pierre de privatiste que vous nous manquez … car on n’ est plus très nombreux en cours.

En effet pour le moment les MA2 souffrent de deux nouvelles maladies encore inconnues qui sont la « jm’enfousjevaisaustagetite » aïgue et la » fautquejecommencemonTFE « en plaques. Et oui, à peine la bibliothèque de droit rouverte, les MA2 se sont ruées sur les nouveaux rayons afin de chercher la moindre petite monographie salvatrice pour leur TFE. A propos de la bibliothèque de droit, celle-ci a été transformée pendant les vacances, mais pas en profondeur rassurez-vous ! En effet, la moquette poussiéreuse a été enlevée et remplacée par un tout nouveau lino blanc ; le pré-classement a changé de place et surtout la bibliothèque de droit s’est enrichie de nouveaux petits séminaires qui ont pour but -selon les dires de la directrice de la bibliothèque- d’enfermer les bavards afin qu’ils ne perturbent plus l’allée centrale. Alors pour le moment ça marche sauf que les gens font 20 fois plus de bruit et donc finalement on les entend quand même.

Pour en revenir aux MA2, je peux vous dire que nous assistons pour le moment à un étrange ballet. En effet, soit ils se ruent sur la doctrine et la jurisprudence tels les BA2 sur leurs travaux d’obli, afin de rendre au plus vite , je cite,ce « putain de plan à la con » ou alors ils désertent littéralement l’univ’ pour aller s’enfermer chez leurs maîtres de stages ou pour aller faire du badminton avec certains professeurs de droit de la famille mais passons ce détail si vous le voulez bien.

Alors je vous ai dit que tous les MA2 souffraient de ces deux maladies. Enfin pas tous car un petit groupe d’étudiants résistent encore à la tentation et se rendent tant bien que mal aux cours. Je dis tant bien que mal car pour le moment Gehol nous fait changer de local tous les 30secondes. Alors dans le cours du droit commun, nous avons eu pour l’instant:

  • -          Publicité foncière et patati et patata avec la grande et distinguée Michèle Grégoire qui depuis 4 semaines s’amuse à nous refaire les cours d’obli et de droit réel à grand coup de : « Quelqu’un peut me dire ce qu’est la subrogation, la dation en paiement, la possession… ».
  • -          Droit Fiscal avec Daniel Garabedian, qui nous a vraiment bien spécifié à plusieurs reprises que tout son cours était dans les syllabus, je le soupçonne de nous inciter à la désertion.
  • -          Et enfin DIP avec Arnaud Nuyts qui lors du dernier cours a détruit le grand mythe de l’arrêt du petit chien dans le micro-ondes, qui serait en fait un fake. Je peux vous assurer que l’émoi était bien  présent dans l’auditoire à ce moment là.

Alors sinon les Nouvelles en vrac :
  • ·         Ne dépensez pas tous à l’étranger, gardez un petit bas de laine afin de vous payer les différents codes, précis et syllabus. Cette année, pas d’illusion, on va douiller sec !
  • ·         Il y a toujours une file  monstre au petit Yoyo ;
  • ·         Les BA1 sont de 1994 et ça donne vraiment un coup de vieux quand ils vous appellent « Monsieur » ;
  • ·         Le séminaire ferme toujours ses portes à 17h ;
  • ·         L’examen de Publicité foncière sera un écrit (wwwaaaaaiiii) mais avec les MA1 (OOOOOOOOOOOHHHHHH) ;
  • ·         Il n’y a que 30 étudiants inscrits en Contentieux administratif ;
  • ·         On n’arrive pas à choisir nos options car les plus intéressantes soit ne se donnent pas cette année, soit sont en même temps que les cours du tronc commun. Un vrai casse tête ;
  • ·         Différentes équipes se sont constituées autour des délégués pour préparer comme il se doit les festivités pour la proclamation, et ça va être vachement bien ;
  • ·         Il ne fait pas beau ;
  • ·         L’essence, l’électricité, la bière et les »boulettes sauce tomate » ont augmenté ;
  • ·         Le professeur Lalière (ancien assistant de droit des successions et de droit de la famille) a repris le cours d’Histoire du Droit et des Institutions. Le cours de sociologie n’est plus donné par le professeur Lannoy (pauvres BA1) ;
  • ·         Le Cercle et le BE jouent toujours à « je t’aime moi non plus » ;
  • ·         Moi sinon ça va ;
  • ·         On rencontre de supers profs dans nos options ;
  • ·         On a bousillé nos chemises lors de la soirée de rentrée de la fac où le BE n’a rien trouvé de mieux que de nous balancer de la peinture fluo partout (un peu comme les ateliers peintures en maternelle). Alors que le Cercle nous avait promis des bombes sexuelles dénudées pour un défilé hors du commun au final, on n’a vu que 5 « peïs » danser avec des vêtements déchirés pendant 11 minutes. Bref encore une bonne soirée. ;
  • ·         Les MA1 essaient de nous voler nos cas pratiques de l’année passée en droit des sociétés mais ils ne les auront pas !!!  C’est moi qui vous le dit ;
  • ·         Et enfin la cerise sur le gâteau, nous avons appris en fait que le service des inscriptions de l’ULB est en grève parce que les étudiants viennent protester violemment à leur encontre. Alors ils adoptent la politique du moindre effort et un « jemenfoutisme » plus qu’évident.

oDonc voila ce qui se passe au pays. Comme vous le voyez il n’y a rien de vraiment intéressant. alors si vous avez envie d’écrire un petit mot pour décrire votre Erasmus ainsi que de nous expliquer comment fonctionne une vraie administration facultaire ou universitaire, n’hésitez surtout pas, je publierai ça avec plaisir.

Sur ce retournons bosser.  

A très bientôt.

Mathieu Dekleermaker



dimanche 14 octobre 2012

Les mercuriales de la rentrée


A chaque rentrée judiciaire, il est coutume que certaines personnalités du monde juridique prennent la parole lors d’assemblée solennelle afin de dresser un portrait critique du paysage juridique belge ou de présenter les futures actions dans le milieu judiciaire et juridique. Ces discours, appelées mercuriales, n’ont pas fait grand écho dans les médias « classiques ». Les Novelles ont néanmoins décidé de mettre en lumière différentes mercuriales prononcées par les procureurs généraux près les cours d’appel. Laissez-nous vous présenter rapidement quelques points abordés par certains responsables des parquets de Belgique, qui nous prouvent malheureusement que notre justice ne se porte pas aussi bien qu’elle devrait l’être. (Cet article a été écrit très très en retard, veuillez-nous en excuser).


Claude Michaux
A la cité du Doudou (Ndlr : Mons), le procureur général Claude Michaux a profité de sa mercuriale pour aborder le sujet de la sécurité sociale des détenus ainsi que les différentes conséquences matérielles de la détention, surtout celles des détenus  sans revenu, contraints d’introduire des demandes de soutien financier au CPAS local. Le procureur général près la cour d’appel a aussi rappelé les problèmes de formations des détenus ainsi que toutes les difficultés que cette carence cause à la réinsertion sociale de ceux-ci après le « séjour ». Nous rappelons d’ailleurs ici qu’actuellement, le travail des détenus dans les prisons concerne à environ 5000 personnes (soit 45% de la population carcérale).

Chez nos amis liégeois, comme nous l’avons mentionné dans un article précédent, la rentrée solennelle  a été perturbée par les importants problèmes du nouveau (mais déjà très critiqué) Palais de Justice de Liège. Les problèmes de sécurité au poste des détenus, de fermeture des cellules, de communication et de visibilité ont d’ailleurs pour conséquences que les premières audiences correctionnelles n’auront lieu qu’en janvier 2013.

Dans sa mercuriale, Christian de Valkeneer a, pour sa part, décidé de traiter de la coopération des services de polices ainsi que la problématique de, nous citons, « la régulation des flux, laquelle tendrait vers d’avantage d’implication des services de police dans la direction à donner aux dossiers correctionnels pour favoriser les mesures alternatives ».Par contre, aucune mention n’a été faite sur le cas « Michèle Martin », cas qui a pourtant drôlement secoué l’été 2012.

 A la capitale en revanche, Lucien Nouwynck s’est engagé dans un plaidoyer contre le manque d’effectifs chronique au sein du parquet bruxellois, sur la vétusté de notre bon vieux Palais de Justice et aussi sur le manque de temps dont disposent les magistrats bruxellois pour s’occuper des cas qui se présentent à eux. Pour illustrer ses propos, le procureur général a pris l’exemple la Cour d’Assises : en 2010-2011, il y a eu une douzaine de procès contre 22 en 2011-2012, alors que le personnel n’augmente pas, ou, pire, diminue à cause des départs à la retraite et des affectations. Pour le moment, 35 dossiers d’assises sont en attente de décision.
Lucien Nouwynck

Notons d’ailleurs les propos d’Antoon Boyen, premier président de la Cour d’appel, adressés à la centaine de nouveaux stagiaires (dont une grande partie viennent de sortir de nos auditoires) : « (…) Aidez-nous à prendre des décisions et ne nous piégez pas avec des centaines de pages de conclusions. Ce qui se conçoit bien s’énonce clairement et brièvement (…) ».

Mais la mercuriale la plus intéressante selon nous, était celle d’Yves Liégeois, le procureur à la Cour d’Appel d’Anvers (Ndlr : comme quoi un liégeois peut très bien réussir en Flandre) qui tire tout azimuts sur les médias et les fuites dans les différentes affaires judiciaires. Yves Liégeois  fustige tous ceux qui violent sans aucune gêne le secret professionnel qui caractérise les personnes qui travaillent dans le système judiciaire, permettant ainsi à la presse de faire ses choux gras sur les affaires encore en cours.

Quand il lit ou regarde les différents journaux du pays, il considère qu’à plusieurs reprises c’est le secret de l’instruction qui est mis à mal. Les fuites sont devenues monnaies courantes et l’impunité règne dans ce domaine car il est quasi impossible de trouver la source. 

« (…) Certains collaborateurs professionnels de la Justice semblent violer leur secret professionnel de manière organisée et permanente. Il semble également exister des arrangements secrets : on échange des informations contre un retour positif de tel ou tel et les articles sont ainsi orientés. De telles pratiques peuvent tout à fait être comparées à une sorte de corruption et devraient faire l’objet d’une nouvelle infraction au Code pénal(…) ».

 Yves Liégeois plaide donc pour un durcissement des sanctions pour les différentes violations du secret professionnel. Pour le moment, la sanction est une peine de détention de 8 jours à 6 mois et une amende de 600 à 3000€. Ce n’est pas assez et le procureur général près la Cour d’appel d’Anvers propose une peine allant d’un mois à 5 ans ainsi que, ni plus ni moins, la déchéance du droit d’exercer des fonctions publiques.
Les organes de presse ne sont d’ailleurs pas épargnés.

 Yves Liégeois dénonce ainsi le nouveau rôle que les médias tentent de s’attribuer, celui de justicier décidant de la culpabilité ou non des suspects dans une affaire.

Yves Liégeois
« (…) Le terme de « quatrième pouvoir » dépasse ce qu’on attend d’un chien de garde de la démocratie. S’il n’est même pas possible de rectifier des insinuations et des informations fausses d’une manière efficace, effective et bénéficiant de la publicité nécessaire, alors le « quatrième pouvoir » devient un concept inquiétant qui n’a pas sa place dans une démocratie, et la présomption d’innocence et le respect de la vie privée deviennent relatifs et vides de sens (…) ».

A noter que ce n’est pas la première fois que le Procureur général près la Cour d'Appel d'Anvers tient un discours aussi fort. L’année passée, il a même été  entendu par les commission de la Justice,de l'Intérieur des Affaires sociales.  Il avait, à l’époque, pimenté son discours de rentrée d'une allusion à la politique belge. "La sécurité sociale est mise sous forte pression en raison de la politique actuelle de migration et d'asile". Le Ministre de la Justice avait d'ailleurs écrit une lettre au procureur général pour lui faire part de son mécontentement.

Sources : La Libre Belgique, Het Nieuwsblad et RTBF info.
Mathieu Dekleermaker

vendredi 12 octobre 2012

Revue de Curiosités Juridiques n°3


Il est piquant de constater que le langage de la Cour de Cassation française ainsi que le vocabulaire utilisé est de moins en moins classique, voyez l’extrait de cet arrêt :


Cour de cassation 
chambre sociale 
Audience publique du jeudi 29 septembre 2011 
N° de pourvoi: 10-12722 
Publié au bulletin Cassation partielle



Texte intégral
REPUBLIQUE FRANCAISE

AU NOM DU PEUPLE FRANCAIS



LA COUR DE CASSATION, CHAMBRE SOCIALE, a rendu l'arrêt suivant :

Sur le moyen unique, pris en sa première branche :

Vu l'obligation pour le juge de ne pas dénaturer les documents de la cause et l'article L. 1154-1 du code du travail ;

Attendu, selon l'arrêt attaqué, que Mme X... a été engagée par la société Ratiopharm à compter du 13 mai 2002 en qualité d'animateur délégué pharmaceutique ; qu'après qu'un incident s'est produit, le 8 janvier 2007, avec la directrice régionale sous l'autorité de laquelle elle était placée et s'étant plainte auprès de l'employeur du harcèlement moral et continu de la part de celle-ci, elle a été en arrêt de travail pour maladie à partir du 2 avril 2007 ; qu'ayant été déclarée inapte par le médecin du travail à tout poste de délégué pharmaceutique dans la région supervisée par sa supérieure hiérarchique, Mme Y..., elle a été licenciée pour inaptitude et impossibilité de reclassement ; que faisant valoir que son inaptitude procédait du harcèlement moral dont elle était victime, elle a saisi la juridiction prud'homale pour contester le bien-fondé du licenciement et demander le paiement de diverses sommes ;

Attendu que pour juger que le licenciement de Mme X... était fondé sur une cause réelle et sérieuse et en conséquence la débouter de ses demandes au titre de la rupture du contrat de travail, l'arrêt retient que la salariée n'établit par aucune pièce des faits laissant présumer l'existence d'un harcèlement, qu'en ce qui concerne la lettre de licenciement d'Ericka Y... invoquée par la salariée il ne saurait en être déduit une reconnaissance par l'employeur de faits de harcèlement, que si le fait de "n'avoir pas été en mesure de gérer une relation professionnelle/personnelle avec un membre de l'équipe à savoir Maryline X..." est effectivement mentionné dans la dite lettre, il se rapporte à une absence de compétence de la directrice régionale à diriger les membres de son équipe et non à un comportement déviant révélateur de faits de harcèlement ;

Qu'en statuant ainsi, alors que la lettre notifiant à Mme Y... son licenciement, intervenu peu après le licenciement de Mme X..., mentionnait : "nous vous notifions votre licenciement motivé par votre attitude générale incompatible avec les fonctions d'une directrice de région, qu'en réponse aux questions et attentes de votre équipe, vous avez adopté un comportement agressif et dévalorisant qui se traduisait, notamment, par la profération de propos tels que «vous me faites chier», «cela ne pourra jamais marcher avec vous car je ne vous ai pas choisis et je ne vous ai donc pas formés à mon image», de déresponsabilisation, notamment en invitant régulièrement les délégués pharmaceutiques à s'adresser à la direction, que vos pratiques managériales, non conformes aux valeurs de notre entreprise, se traduisaient non seulement par des propos dévalorisants et vulgaires ("C'est un travail de merde", «Sortez-vous les doigts du cul et "allez bosser"») mais aussi par l'instauration d'une mauvaise ambiance de travail au sein de votre équipe", la cour d'appel, qui a dénaturé cette lettre dont les termes permettaient de présumer l'existence d'un harcèlement, a violé le principe et le texte susvisés ;

PAR CES MOTIFS :

CASSE ET ANNULE, mais seulement en ce qu'il a dit le licenciement fondé sur une cause réelle et sérieuse et rejeté les demandes de la salariée au titre de la rupture, l'arrêt rendu le 16 décembre 2009, entre les parties, par la cour d'appel de Montpellier ; remet, en conséquence, sur ce point, la cause et les parties dans l'état où elles se trouvaient avant ledit arrêt et, pour être fait droit, les renvoie devant la cour d'appel de Nîmes ;