C'est bientôt la fin de nos études à l'ULB et bon nombre d'entre nous planifient déjà ce qu'ils comptent faire après. Si vous désirez aller parfaire vos connaissances juridiques à l'étranger, mais que le prix de l'aventure vous en dissuade, alors regardez un peu cette vidéo.
Dans cette vidéo des éditions
Larcier, Monsieur Paul Nihoul,professeur à l'Université catholique de
Louvain, nous expose la problématique de la portabilité des bourses
étudiantes en cas d’études à l’étranger, ainsi que les conditions à remplir car
tout étudiant a intérêt à se former en partie dans un pays différent du
sien. Un nombre significatif effectue chaque année un master complémentaire
dans un autre pays, mais ces masters sont parfois onéreux. Des bourses peuvent
aider mais il y a certaines conditions à satisfaire.
Ce vendredi
23 et ce samedi 24 novembre était organisé à Tour et Taxis la nouvelle
édition du SIEP, le « Salon sur
les services d’informations sur les études et les professions », et
comme chaque année l’ULB occupait un des plus gros stands du salon (avec celui
de nos « camarades » de l’UCL).
Bien évidemment notre faculté fut bien
représentée à la fois par des assistants, des professeurs, des chercheurs et,
comme chaque année, par plusieurs étudiants de Master dont j’ai eu la chance de
faire partie.
Faisons, si vous le voulez bien, un petit
bilan de ces deux jours d’exposition.
Déjà je dois vous avertir qu’à cause de ce
salon, je n’ai presque plus de voix. J’aime papoter- vous le savez bien vous
qui me voyez gambader en bibliothèque, dans le couloir du H ou au Bureau
étudiant- alors ne vous étonnez pas de me voir avec une petite écharpe durant
la semaine, car pour avoir papoté, j’ai
papoté avec tous ces jeunes étudiants ainsi que, parfois malheureusement, avec
leurs parents. Si vous voyez bien ce que je veux dire, vous voyez la maman un peu, je cite, « proutproute » qui a forcé son enfant à se lever à 9h du mat et
qui le traine littéralement dans toutes les allées du salon en lui
disant : « Oh regarde l’ULB,
c’est bien l’ULB pupuce, hein qu’est-ce que tu en penses ? » en
s’adressant au jeune pré pubère qui n’en a un peu rien « à foutre »
d’être là . « Oh et la charcuterie,
ça ne te tente pas ? Non pourtant tu aimes bien la saucisse quand j’en
fais ? Rhoooo décidemment on ne peut rien te dire ! »… vous
voyez le genre.
Quoi qu’il en soit, l’équipe de la faculté
de droit et de l’école de criminologie remporte à chaque fois un grand
succès : je parle d’équipe car il faut savoir que chaque année un membre
de l’administration facultaire, Benjamin Lachterman, pour ne pas le citer, se
démène seul pour organiser toutes les séances d’informations relatives aux
études de droit à l’ULB. Nous avons donc constitué une belle équipe de
représentants de tous les niveaux, et heureusement d’ailleurs car - on a encore
pu le constater cette année-, le droit attire encore et toujours beaucoup
d’étudiants.
Alors des questions nous en avons eu
beaucoup : les habituelles comme : « Pouvez-vous m’expliquer comment fonctionnent les études en
droit ? », « Pourquoi
choisir l’ULB plutôt que l’UCL ? », « Est-ce vrai qu’il
faut être intelligent pour réussir en droit ? »( ahahahahah très
chère si tu savais le nombre de pignoufs qui sortent chaque année tu serais
étonnée ahahahahaha).
Par contre, les préjugés et les rumeurs ont
encore la peau dure ! Qu’est ce que j’ai pu entendre des « je voudrais faire du droit mais je
n’ai pas envie d’étudier les lois par cœur » ou «je n’ai pas fait de latin
donc je suis handicapé pour faire du droit ? »… Et le pire, c’est que c’est à chaque fois
pareil pour tout le monde, et il faut répéter et rerépéter à chaque fois, et
quand tu as le malheur de boire un peu d’eau entre 2 exposés sur les bienfaits
des études de droit, les gens ne peuvent s’empêcher de dire, « ah oui monsieur vous parlez beaucoup
hein ! Mais bon c’est aussi vos études ça ! »…
Mais je pense que cette année la palme de la
question idiote, bizarre et ubuesque revient à cette maman qui est venue me demander, et c’est la vérité
vraie je vous le jure, s’il fallait vraiment être franc-maçon pour pouvoir
réussir à l’ULB et qu’au contraire à l’UCL, il fallait être membre de l’Opus
Dei, parce que sinon elle devait se dépêcher d’aller l’inscrire dans une loge
avant septembre prochain. Comment voulez-vous que le monde avance avec des gens
ainsi !
Mais ce qui m’a le plus choqué dans tout ça
c’était d’autres types de questions qui étaient quant à elles, beaucoup moins
innocentes. En effet beaucoup de jeunes étudiants sont venus chez nous pour
nous poser des questions du style « oui mais pourquoi est ce que j’irais à l’ULB alors que tout le monde
dit que l’administration à l’ULB est chaotique », « c’est vrai qu’on est pas du tout encadré par
les autorités dès la première année » ; « oui mais il parait que l’administration fait rater beaucoup
d’étudiants » et alors le pompon reste la question que j’ai eu
l’occasion d’entendre deux trois fois : « oui mais comment voulez vous réussir en 1ère année
alors qu’il y a un professeur en droit constitutionnel qui fait rater tous ces
étudiants ! », Je vous jure sur la Constitution que ces questions
nous ont vraiment été posées, et vous savez bien que je l’aime cette Constitution.
Et après avoir discuté un petit peu avec ces mêmes étudiants, tous m’ont dit que
c’est ce qu’on leur a raconté à propos de l’ULB… au stand de Saint-Louis et de l’UCL.
OOOOOUUUUUUUHHH les malappris. Heureusement
qu’il y avait le stand de la police à coté d’eux sinon j’aurais été y faire un
malheur.
Pourquoi
ai-je décidé de vous raconter cette anecdote et bien tout simplement
pour dire, et pour essayer de bien le faire comprendre à nos autorités que nous
sommes en train de toucher le fond, et que nos soi-disant universités amies,
n’hésitent plus à se servir des bilans lamentables de l’ULB de ces dernières
années pour faire leur publicité sur notre dos.
Une fois de plus cela
ne peut plus durer, j’en ai marre de faire partie d’une université qui n’attire
plus les étudiants pour des raisons de pédagogie et d’enseignement, j’en ai
marre d’expliquer à des étudiants, qui ne sont même pas à l’ULB que malgré ces
problèmes (car par honnêteté on ne peut pas nier le fait qu’il y a d’énormes
problèmes d’administration), l’ULB reste l’université de mon cœur, de mes
tripes et de mon esprit.
Quoiqu’il en soit je vous encourage à vous
investir vraiment pour la promotion de l’ULB et de la faculté de Droit, car
malgré tout ce que l’on peut dire sur l’ULB et malgré tout les problèmes d’administration,
car après tout au fond de nous, bien enfoui quelque part, on l’aime finalement
cette université qui nous met tant de bâtons dans les roues.
De manière non-exhaustive, et pour parler de
son CV, Patrick Ridremont a été champion du
monde d’impro en 1999, il a été présentateur télé, il a fait des pubs, dont une
très « révélatrice » pour MacDonald, il a joué dans des films,
téléfilms et sur les planches, il a repris un restaurant sur la place Flagey et
il a fait de la radio. Sa dernière aventure est un long métrage, « Dead
Man Talking » dont il signé le scénario, mais pour lequel il a également
été réalisateur et acteur. Ce film belge, extrêmement juste mais inclassable, c’est
1h40 d’humour sur fond noir, avec un casting irréprochable. Patrick Ridremont
se livre pour les Novelles :
Les Novelles: Dead Man Talking se déroule dans un « état
fictif ». Tu as également publié récemment sur Facebook la lettre de Jules
Destrée au Roi des belges sur la séparation de la Belgique… « Etat
fictif »… « Il n’y a pas de
belges »… Coïncidence ?
Patrick Ridremont: Quand
j’ai écrit Dead Man Talking, je ne pensais pas du tout à la Belgique, je n’ai
rien à revendiquer par rapport à des gueguerres flamando-bruxelloises. En
revanche, j’ai quelques références belges que j’aime mettre dans le film. A un
moment donné, on voit un gros plan sur une lune, et un des cratères représente
la Belgique, c’est de cette manière là que j’ai affirmé ma belgitude. Quand à
la lettre de Jules Destrée, je la trouvais très jolie parce qu’elle parlait de
la langue maternelle et de cette impossibilité à se sentir faisant partie du même
peuple, parce que la langue maternelle, c’est la langue de l’enfant sur les
genoux de sa mère, elle remonte très loin dans nos racines et c’est peut-être
pour ça qu’il disait qu’on est un peuple incompatible. Le seul rapport qu’il y
a avec mon film, c’est le coté « parole ». Mon personnage est un
personnage pour lequel la parole est importante, puisque c’est ça qui le sauve.
L.N : Le condamné à mort, c'est-à-dire toi, profite du fait que la
loi ne précise pas la longueur de la dernière déclaration règlementaire, pour
raconter son histoire et échapper à la sentence. C’est un vide juridique comme
ils en existent quelques-uns en Belgique, d’où t’es venue cette idée ?
P.R: En
fait, le vide juridique dont profite le condamné c’est ce qu’on entend au
quotidien dans les tribunaux : vice de forme, vice de procédure… Chez
nous, il y a quelques jours, on a quand même dissout l’ONSS pour une erreur de procédure.
Là il se fait que ce n’est pas pour reporter une audience, ni même pour sauver
une vie lors d’un procès, c’est vraiment pour sauver sa vie, à 10 secondes
d’une injection. Ca signifie que même jusque là la loi derrière laquelle se
retranche les hommes pour ne pas avoir de décisions à prendre eux-mêmes peut
vaciller.
L.N: Le 6 novembre, jour des élections américaines, ton film sera
projeté en Amérique. Fierté, mais stress aussi, non ?
P.R: En
fait, et si le film y arrive parce qu’il y a quand-même des cyclones pour le moment à New-York, ça
sera la première fois que mon film va être confronté à un pays pour qui la
peine de mort n’est pas comme dans mon film, une espèce métaphore. Ici en
Belgique le public comprend bien que ce n’est pas un film pour ou contre la
peine de mort, mais juste un prétexte pour raconter une histoire. Eux,
évidemment, vont le voir très différemment, et je vais être confronté à leur
réaction. C’est assez agréable de penser à ça, ça va sonner assez différemment
là bas. C’est un peu comme si un auteur américain avait envie d’écrire
l’histoire de deux familles qui se disputent et qu’ils les appelaient les
« Vlooms » et les « Wallons » et il raconterait une
histoire où ils s’engueuleraient pour des histoires de langues… Mais sérieusement
l’auteur n’a rien n’a dire sur les flamands et les wallons. Si le film était
présenté à Bruxelles, on se dirait « tiens c’est comme ça qu’il nous
voit… ». C’est un peu la même démarche que j’ai faite concernant la peine
de mort, je n’ai pas été très loin dans les avis que j’ai par rapport à la
peine parce que c’est inutile. J’en ai un et je suis contre.
L.N: Dans le film, on arrive à aimer un meurtrier. C’était
voulu ?
P.R: Oui,
évidemment. Je ne sais pas si on est vraiment ému pour lui, je crois qu’on est
assez ému aussi par ce qu’il se passe autour de lui. On est ému parce qu’autour
de ce mec là, dans la vie duquel il n’y avait que de la haine et de la
violence, il commence à y avoir beaucoup d’amour, et c’est embêtant. C’est très agréable de jouer une espèce de
brute qui tue deux personnes à main nue et de se dire j’ai une heure quarante
pour que les gens le regrette. Pas le pardonne, mais au moins le regrette.
Il y a
du bon dans chaque personne, même dans le pire des meurtriers. Juste un pardon
parfois, à obtenir avec un peu de communication, ça peut changer les choses. On
m’a souvent posé des questions sur Michèle Martin, les lois qu’on va changer,
comme dans le film, « parce que ça nous arrange ». On a parlé de
peines incompressibles, de changer la loi sur la libération conditionnelle…
Mais qui peut dire ce qui se passe dans les arcanes du cerveau de ces gens
là ? Personne. Pour moi c’est un pas pour l’humanisation, de elle, et
probablement pour sa compréhension à lui. Sérieusement, je ne m’en sortirais
pas, moi, en me disant que mon enfant a été tué par un monstre. Je ne crois pas
aux monstres, je crois aux humains. Et à un moment donné si les monstres
cessent d’être des monstres, ça pourrait m’aider. Mais tout ça leur appartient.
L.N: Depuis 3 années académiques, on peut aussi rajouter à ton CV
le titre de professeur à l’IHECS. Est-ce que ta médiatisation rend difficile
ton rapport avec les élèves ?
P.R: En
termes d’autorité, il n’y a pas de souci. On peut me payer des bières à 12h40,
j’accepte volontiers. Mais imaginons que si tu n’es pas à mon cours et que je
fais des points de présence, tu n’auras pas ton point de présence. Je ne suis
pas laxiste, donc je n’ai pas de problème d’autorité. J’ai peut-être parfois un
« tu » qui est dégainé un peu rapidement. Mais c’est très agréable de
donner cours.
L.N: Est-ce que tu es un prof plutôt « vache » ou plutôt
« cool » ?
P.R: Je
suis plutôt un prof cool. Pour rater chez moi, et j’en fais rater chaque année
quelques uns, il faut vraiment le mériter.
L.N: D’ailleurs, mes copines et moi, on a vu la publicité pour
MacDonald, et on s’est dit que ça ferait grimper la fréquentation de certains
cours, si c’était toi qui les donnais. Tu veux bien ?
P.R: En
effet on m’a demandé il y a 3 ans de tourner une publicité à poil pour Mac
Donald. Je me souviens parce que c’était juste avant que je ne commence à
donner cours à l’IHECS. Certains parents d’élèves avaient été un peu surpris.
Mais depuis je n’ai plus le même physique ! J’ai du prendre un peu de
poids pour le film… Mais je veux bien venir donner cours oui !
L.N: Avant d’être professeur, tu as été étudiant à l’IAD à
Louvain-la-Neuve. Plutôt guindailleur ou rat de bibliothèque ? Tu as fait
ton baptême ?
P.R: Ni
l’un ni l’autre ! Je n’ai pas fait mon baptême. Il faut savoir que l’IAD
est dans un quartier à l’écart, je n’ai pas trop fréquenté les pennes et les
vomis. A l’époque, il n’y avait pas d’animation tout le temps, et puis il
fallait marcher un bon kilomètre et demi, et on était plutôt fainéant. Et moi
quand l’école était terminée, j’avais la grande chance de vivre, dans un
premier temps, à Wavre, donc je n’avais aucune raison de trainer là. Et quand
je ne rentrais pas chez moi, j’allais chez mon meilleur ami, Olivier Leborgne qui
avait une chambre à l’IAD. Ensuite j’ai rencontré une nana, qui est devenue la
mère de mes enfants, qui habitait Bruxelles donc je rentrais tous les soirs à
Bruxelles. J’ai rapidement été un adulte, qui me marrait, mais je n’ai jamais
été guindailleur.
Pour
l’anecdote, Olivier Leborgne, Benoit Descamps et moi-même, nous avions créé un
petit groupuscule, qui s’appelait le « Jawox », je ne sais pas
pourquoi d’ailleurs. On s’amusait à faire des trucs de potaches. Il y avait un
commu de théologie, on s’amusait à venir souhaiter l’anniversaire d’un des mecs
avec une femme en bikini… On faisait des blagues dans ce genre là !
L.N: Et pour revenir à ton film, pour ceux qui l’ont vu, tu as
quelque chose à révéler, un secret de tournage peut-être ?
P.R: Oui,
une petite anecdote légale ! Il y a un chien mort dans le film. Un chien
empaillé ça n’allait pas, un chien
dressé, il ne serait pas resté « mort ». Donc nous sommes allés voir
un vétérinaire, puisqu’il euthanasie des chiens régulièrement. Le problème c’est
que la loi interdit de rendre la carcasse d’un chien à quelqu’un d’autre que le
propriétaire. Nous avons donc du l’adopter. Mais on ne peut pas adopter un
chien mort ! Donc on a du adopter le chien vivant, l’histoire de 30
secondes, le temps de signer les papiers. Voilà un bel exemple de connerie
légaliste.
L.N: Ton expérience d’impro a servi pour le film ?
Patrick Ridremont, un condamné à mort... de rire!
P.R: Ca a
servi pour l’écriture. J’ai une certaine facilité à rentrer dans les
personnages au moment où je les écris. Une des caractéristiques de mon film, c’est
que tout le monde ne parle pas de la même manière. La jeune fille parle comme
une nana de 14 ans, Raven parle avec une cruauté qui lui est propre… Mais après,
pendant le tournage, on n’a pas changé une seule ligne du texte.
L.N:Donc ce projet n’est pas neuf, tu l’as écrit à l’aube de tes
33 ans. C’était quoi ton envie à ce moment là ?
R.R: Ecrire,
raconter une histoire. J’aime ça. Comme une fille tiendrait un journal intime,
moi je tiens des scénettes intimes, des courts métrage intimes, des histoires.
L.N: Le fait de transformer cette histoire en long métrage, ça t’a
permis de mettre 15 minutes de silence au début du film. Pourquoi ce choix du
silence ?
P.R: Le
film s’appelle Dead Man Talking, donc on peut se dire « ça va être un type
qui n’arrête pas de causer ». C’est un joli pied de nez au départ que
d’imposer 15 minutes de silence.
Et
puis grâce au silence, on en oublie le contexte de la langue, ce qui fait qu’on
ne se dit pas « ils parlent français alors que c’est un film qui parle de
peine de mort ».
L.N: Après un truc aussi énorme, tu vas faire quoi ?
P.R: On a des angoisses quand on est comédien, et maintenant j’en
ai aussi en tant que réalisateur. Il y en a une que je n’ai plus en tant que
réalisateur. Quand j’étais comédien je me disais souvent « il faut que ça
se passe, j’ai 45 ans, c’est vieux ». On ne mettra pas mon poster au
dessus de son lit, c’est trop tard. Par contre, 45 ans pour un réalisateur,
c’est jeune, j’ai la vie devant moi pour raconter des histoires. Je vais continuer à réaliser. Je vais rentrer
à la maison après l’interview et continuer à écrire. Peut-être un film, une bd,
une série de BD… J’en suis là, continuer à raconter des histoires et donner des
cours à l’IHECS.