mardi 3 juillet 2012


AND THE WINNER IS...         

Tout au long de cette année académique, nous avons eu l’occasion d’entendre plus d’une fois un nouveau petit jeu - qui a longuement sévi dans les rangs de la bibliothèque et dans le couloir du H  -le « oui-mais-c’est-moi-qui-ait-la-session-la-plus-difficile ! », sorte d’évolution de l’ancestral jeu de récréation : « voyons voir qui pisse le plus loin ».

Les premières se défendant par leurs innocences envers les premiers mastodontes juridiques. Nous l’avons tous vécu ; le choc est rude et la toute première session de juin s’apparente plus à une session de crash-test ou une bonne gifle en pleine poire.

Les 3ème BA ont eu aussi beaucoup de pain sur la planche. Depuis que je suis rentré à l’ULB, la 3ème année a toujours été considérée comme l’année la plus difficile (ce qui fait désormais partie du passé) avec l’ « habituel carnage » de droit administratif et de droit comparé ainsi que le tiercé gagnant des 3 grands cours de droit civil. Ajoutez le cours de Droit judiciaire privé, et vous avez, un bon cocktail de syllabus, de stress et de nuits blanches. Mais d’un autre point de vue (et sans vouloir offenser les étudiants ayant réussi ces cours car il faut le faire !), le fait que ces trois oraux étaient donnés sous une forme écrite est quand même un avantage car le risque de se faire remballer 30 secondes après son entrée dans le bureau du professeur devient nul ! Enfin un avantage, ça aurait pu l’être si au moins les examens étaient suffisamment espacés dans la session, mais comme dirait ma maman, je cite : « on ne peut pas avoir le beurre, l’argent du beurre et le sourire de la crémière » !

En Master, certains ont eu aussi une belle petite session ! Les  1ère Master Droit public ont souffert des (très) mauvais placements de l’université (les fameux programmes GEHOL et SMILEY) qui ont eu pour effet de fixer les listes d’étudiants 5 semaines avant la session, rendant impossibles certains examens au mois de janvier et les obligeant à les faire passer à la session de juin.

En 2ème Master, certains ont aussi connu la joie d’avoir comme cadeau de départ un bon horaire bien pourri comme seule la Faculté de droit sait les faire. De plus, pour ne pas en rajouter, les horaires de défenses de TFE ont été fixés 5 jours avant la fin de la session… Bref du « typique » Faculté de droit.

Mais la « palme » revient sans conteste à nos amis de la deuxième BA alias « la génération sacrifiée ».

Photo d'un étudiant prise le 21 juin
2012 à l'étage 3 du bâtiment H
Pour vous donner une idée, nous avons assisté à leur proclamation qui fut totalement surréaliste ! Déjà il n’y avait qu’une trentaine de personnes présentes dans le H1302, et  sur cette trentaine les deux tiers étaient constitués de curieux de BA3, MA1 et MA2 venus entendre le lourd verdict de cette réforme !  Malgré l’impertinence résultant de la présence de toutes ces personnes non concernées, les professeurs nous ont permis de rester afin d’avoir un public à qui communiquer l’incroyable nouvelle.

A situation hors du commun, discours de proclamation hors du commun. En effet, lors de son habituel petit discours de fin d’année, le président du jury de 2ème Ba, Marc Uyttendaele, commença d’emblée par annoncer que « le jury regrettait vraiment et sincèrement certains aspects dont cette année pilote a été menée », et qu’au vu des résultats catastrophiques une réflexion a été entamée au sein du jury d’année. Et puis le couperet tomba lorsqu’il annonça le chiffre fatidique : 14% de réussite.

Puis arrive une chose complètement irréaliste, et je pense que nous avons assisté à un moment tout-à-fait historique. En effet le jury, par la voix de son président, s’est excusé…Oui des professeurs se sont excusés ! Pincez-moi je rêve ! Mais attendez la suite, ce mea culpa concernait  uniquement la gestion des horaires qui étaient, et ils l’avouent tous, complètement impossibles.  Le professeur Uyttendaele enchaina ensuite avec une promesse : « Cela ne se reproduira plus », nous l’espérons tous.

Afin de remédier à cette situation extraordinaire, le jury a décidé d’adopter plusieurs mesures pour aider les BA2 pour la seconde session :

-          Les professeurs ont donc accepté de remonter les notes de 9 et de 9,5 sur 20 à la note de 10 afin que ceux-ci puissent reporter leurs notes en seconde session.

-          Désormais le président et le secrétaire du jury auront un droit de regard sur les horaires afin « d’éviter un nouveau chaos ».

-          Concernant l’organisation de l’enseignement pour l’année prochaine, le jury a décidé de mettre tous les écrits en janvier et tous les oraux en juin. ATTENTION à partir de l’année prochaine, l’examen de Droits Réels se fera encore par écrit et donc au mois de janvier, ce qui allégera la session de juin.

-          Les examens de langues se feront désormais hors session.

-          Et last one but no least, le jury a décidé de prolonger la durée de la seconde session d’une semaine afin de donner plus de temps pour les oraux. Cela veut donc dire que la proclamation aura lieu le samedi suivant la rentrée.

A noter que pour la seconde session le professeur Uyttendaele a cependant été très clair sur deux points : premièrement sur le maintien des oraux et des écrits et deuxièmement le niveau d’exigence des professeurs ne va sûrement pas baisser. 
Même s’il faut souligner et applaudir l’humilité de Monsieur Uyttendaele prenant ses responsabilités à bras le  corps et les assumant devant une assemblée presqu’absente. Il faut dire que ces 86% d’échec (ça fait plus mal dans ce sens) étaient prévisibles !

Tous, nous étions au courant, dès le mois de septembre de ce massacre annoncé que ce soit les professeurs, les assistants, les secrétaires ou les étudiants, et personne n’a rien fait. Si on se remémore les enseignements des professeurs Roggen et Legros, "tuer quelqu'un et s'excuser après n'efface cependant pas le crime".
D’ailleurs même ces mesures d’urgence, que nous qualifierions presque  « de mesures provisoires » ne sont pas hors de toutes critiques non plus ! Pourquoi ne pas avoir mis des écrits alors pour alléger la session (vu que selon les propres mots du jury, il s’agit là du problème primordial), et aussi pourquoi c’est le cours de Droits réels  qui a été sacrifié et qui a été transformé en écrit de la session de janvier ? N’aurait-il pas été plus logique de mettre l’examen de Droit Constitutionnel à la place vu que celui-ci ne s’étend guère au-delà du mois de novembre ? N’était-ce pas ce qui était prévu à la base ? Nous nous interrogeons donc.
 Cette réforme  fut aussi décriée dans la dernière Revue où les auteurs ont imaginé les professeurs réalisant la réforme sous l’emprise de diverses liquides et substances. Mais on peut raisonnablement se poser la question « Qu’est ce qui leur est passé par la tête le jour où ils ont proposé cette réforme et encore plus quand ils l’ont acceptée ? ». Une remise en question totale de la façon de gérer cette faculté sera peut-être la bienvenue, surtout quand on voit la place que nous occupons dans les ranking, l’exigence de ces professeurs n’est pas du tout justifiée ! Les élèves de la faculté de droit de l’ULB n’ont pas besoin que leurs diplômes soient encore plus dévalorisés par des échecs qui étaient inévitables.

Un auditoire décidément bien rempli...

  A force de vouloir élever trop haut le niveau, on se retrouve avec seulement 30 téméraires en 3ème Ba, des tonnes d’étudiants au bord de la dépression et des centaines d’étudiants de Ba1 angoissés (d’ailleurs beaucoup hésitent à faire des passerelles vers l’UCL et St-Louis afin d’éviter l’accident de parcours).

De plus la réputation, déjà peu enviable de notre Faculté, vient d’en reprendre un sérieux coup au profit de nos consœurs mais néanmoins concurrentes, cette session des Ba2 est une publicité dont la faculté (et même l’ULB) se serait bien passée.
Le jury de Ba2 a donc décidé de réfléchir sur des solutions afin de ne pas renouveler cette expérience calamiteuse, et nous ne pouvons qu’applaudir cette initiative. Nous pensons d’ailleurs que cette réflexion devrait se faire avec l’ensemble de la faculté, particulièrement avec les délégués étudiants mais aussi avec la doyenne ainsi que les professeurs des années suivantes qui devront payer les pots cassés.

 Alors discutons, re-réformons, réfléchissons mais surtout arrêtons les sacrifices inutiles.


Par Elisabeth Hens & Mathieu Dekleermaker

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